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Je suis arrivée au temple Fawang… et me suis sentie bien

Je n’imaginais pas pouvoir en repartir! Le voyage avait été long pour rejoindre Dengfeng depuis Pékin, neuf heures de train et 3 de voiture, mais j’ai eu un bon feeling en débarquant dans cette capitale des arts martiaux. Sur le chemin abrupt qui mène au temple, j’avais la sensation de m’approcher d’un endroit incroyable. J’allais vivre avec des moines pendant six semaines, et surtout, comme eux, soumise à la même discipline. Ma motivation était énorme. Enfin! Il y avait si longtemps que je n’avais plus ressenti cela…

J’avais commencé le lycée en 2011, en option sociopédagogique car j’envisageais de travailler dans le social. Mais après six mois, assaillie de doutes quant à mon choix de filière, j’avais arrêté. J’étais ensuite partie en Autriche trois mois. Cela m’avait remise d’aplomb et j’avais repris l’école. Et puis mes soucis étaient reparus et j’avais définitivement quitté le lycée. Mon entourage mettait la pression pour que j’entreprenne quelque chose, mais je ne savais pas de quoi j’avais envie. Ma mère essayait de me trouver des stages d’orientation. Mais j’étais désespérée et ma confiance en moi était au plus bas.

Après cinq mois, j’ai recherché un sport structurant pour mon corps et mon esprit

Mon grand-père, qui a beaucoup pratiqué l’aïkido, m’a parlé des arts martiaux. Je me suis dit: «Pourquoi pas?». J’ai fait un stage de deux mois dans un club d’aïkido en tant qu’apprentie du maître. L’effet a été bénéfique mais n’a pas duré. J’ai replongé dans ma déprime. Je pleurais tous les jours en ayant l’impression de toucher le fond. C’est durant cette période que j’ai vu un reportage sur les moines Shaolin, bouddhistes et guerriers. Ils étaient bien dans leur tête et leur corps… Cela m’a interpellée, et même si leurs temples sont à l’autre bout du monde, j’ai eu envie d’aller voir.

J’en ai parlé à mes parents, pensant qu’ils me riraient au nez. Eh bien pas du tout, ils m’ont dit: «Vas-y!» Du coup, j’ai été paralysée par la peur! Ma mère m’a aidée à faire des recherches sur internet. Je suis ainsi tombée sur un Français q ui pratiquait le kung-fu à Hongkong et qui était en lien avec des moines chinois. Il m’a signalé que le temple Fawang acceptait des étrangers. J’étais quand même terrifiée à l’idée d’y aller. Pour me donner du courage, je me suis dit que si je tenais six semaines dans un temple Shaolin, où la vie est rude, plus rien ne me serait impossible.

Mon arrivée à Pékin a été catastrophique

Le taxi qui m’a amenée à l’hôtel depuis l’aéroport m’a arnaquée, j’ai débarqué dans une chambre crasseuse et borgne, les draps étaient sales, le sol souillé de cheveux et de mégots… Les quelques mots que j’avais appris ne me permettaient pas de communiquer avec les Chinois, qui ne savent souvent pas l’anglais. Je suis restée quatre jours. Un choc terrible! Cela a été un grand soulagement de parvenir au temple Fawang où j’ai d’emblée ressenti une immense sérénité. On m’a conduite dans une chambre. M’y attendaient un bol, des baguettes, des tongs, un habit orange, un savon, une brosse à dents et une grande bassine pour la toilette.

Environ 150 personnes vivent dans ce temple, entre les moines et leurs élèves, âgés de 6 à 21 ans, et quelques bouddhistes de passage. Lors de mon séjour, il y avait trois filles et quatre Occidentaux.

Physiquement, c’est très rude

Discipline militaire et, parfois, châtiments sous forme de coups de bambou. J’en ai moi-même reçu lorsque ma concentration flanchait… Du lever à 4 heures en été, à cause de la chaleur, au coucher à 21 heures, on obéit aux coups de sifflet, comme à l’armée. Au réveil, à jeun, on fait 40 minutes de course à pied et 20 d’échauffement. A 5 h 30, pause- toilette, pour moi, turbo sieste, vu mon état de fatigue. Ensuite, petit-déjeuner, puis un entraînement de quatre heures, parfois sans pause. L’après-midi est consacré aux cours de combat entremêlés d’exercices très physiques, comme des séries de 50 pompes… A ce régime, j’ai perdu 2 kilos par semaine. J’étais percluse de courbatures. Sortir de mon lit était une calamité.

On dormait à même des planches sous une couverture pleine de puces. Mais je n’avais aucun problème à m’endormir, tellement j’étais crevée. Au début, j’avais peu de contact avec les moines. Pour m’intégrer et apprendre le chinois, je jouais beaucoup avec les enfants. Après deux semaines, je comprenais déjà plein de mots! Je voulais montrer que j’étais persévérante, capable de me dépasser. J’ai eu un petit ami chinois, plus ouvert d’esprit que les autres. On se donnait des cours réciproquement, il m’enseignait le chinois, et moi je lui apprenais l’anglais.

Retour en Suisse pour mon visa

Quand je suis rentrée en Suisse, après six semaines, la première chose que j’ai faite, c’est de renouveler mon visa pour pouvoir repartir. J’étais vraiment mordue! Donc juste après avoir fêté mes 20 ans, en août 2013, je me suis envolée à nouveau pour la Chine.

Cette fois, je voulais rester plus longtemps au temple Fawang. Mais je suis partie après quatre mois. J’ai assisté à une scène de violence sur un gosse que je n’ai pas supportée. Là-bas, les enfants désobéissants sont fessés à coups de bâton jusqu’à ce que celui-ci casse… C’est déjà révoltant en soi, et là, un maître s’est déchaîné. Ecœurée, je me suis réfugiée dans la montagne pendant plusieurs heures. J’étais si déçue.

Pas question de rentrer en Suisse pour autant

Je suis partie à Pékin étudier le chinois à la section étrangère de l’université. J’ai vécu en colocation à six dans un espace minuscule, c’était difficile. Je m’étais mis la pression pour obtenir de bons résultats aux examens. A la session d’avril, j’ai réussi avec 91% de taux de réussite mais je voulais faire encore mieux! En juin, j’ai atteint 92%. Cela m’a valu une bourse de l’Etat chinois pour poursuivre mes études. J’en suis fière.

Je compte rester encore un an ou deux en Chine. Mon but est de décrocher un diplôme de référence en chinois, l’équivalent du Goethe pour l’allemand. Tout ce que j’aurai appris en Chine, je veux pouvoir l’utiliser dans le futur. J’ai maintenant plusieurs idées pour mon avenir professionnel… J’ai beaucoup mûri depuis que je vis là-bas. Et je me sens tellement mieux!

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