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Comment Janine Boissard est devenue mon amie

Femina 30 Temoin Correspondance

Lorsque en 1981, après la lecture de son roman «L’esprit de famille», elle écrit à Janine Boissard, Josyane est loin d’imaginer que son geste marque le début d’une longue amitié.

© Aline Fournier

Quand j’en parle, les gens sont parfois surpris

Surtout celles et ceux qui la connaissent. Janine Boissard, c’est «L’esprit de Famille», une saga familiale en six volumes qui a été transposée à l’écran, mais aussi des dizaines d’autres romans à succès. Une auteure qui devrait être a priori inaccessible. Pour moi, c’est une amitié au long cours qui s’est tissée au fil des ans en toute simplicité.

Je lui ai écrit la première fois en 1981. Après avoir parcouru le monde en tant qu’hôtesse de l’air, j’étais revenue «chez moi», dans mon Valais natal, ma fille de quatre ans sous le bras, pour débuter une nouvelle vie à l’aube de la quarantaine.

Séparée du père de ma fille, j’espérais retrouver ma famille et mes anciens amis

Mais ça n’a pas été si simple. Je venais de perdre ma mère. Quant à mon entourage, chacun avait sa vie et ses propres soucis. Et puis, mon statut de jeune divorcée ne facilitait pas le contact. Je me sentais isolée et avais le sentiment douloureux d’avoir échoué à sauver mon couple, mais surtout de ne pas avoir réussi à offrir une vraie famille à ma fille. J’ai cinq frères et sœurs et pour moi la famille a toujours été très importante.

Grâce à mes connaissances linguistiques, j’avais retrouvé un travail intéressant. Sortant peu, je m’évadais dans la lecture. J’ai découvert Janine Boissard à cette époque, au travers de sa saga «L’Esprit de famille». Arrivée au terme du premier tome, je lui ai écrit spontanément pour la remercier. L’histoire de cette famille avec ses quatre filles si différentes, ses joies, ses peines et ses problèmes, le tout abordé dans un style simple et drôle, m’a tout de suite parlé et m’a permis de me relier à la réalité. Je n’ai jamais imaginé qu’elle allait me répondre mais, à ma surprise, elle l’a fait. Cela a été le début de notre amitié épistolaire.

Au départ, nous nous écrivions de manière espacée

Les échanges sont devenus plus fréquents lorsque j’ai commencé à peindre, au début des années nonante. Nous parlions de ses livres et de mes peintures. J’aimais sa façon d’aborder sans tabou les problèmes de notre société et le lui écrivais. De son côté, elle me disait que mes aquarelles lui plaisaient et parfois même l’inspiraient. Il y avait de l’admiration, un respect mutuel. Plus de trente ans se sont ainsi écoulés, sans que l’occasion de nous rencontrer se présente.

Fin 2013, lors d’une de mes expositions de peinture, le jeune libraire de Monthey et moi avons parlé littérature, plus spécifiquement de Janine Boissard. Je lui ai alors proposé de l’inviter pour une séance de dédicace de son dernier roman, «Belle arrière-grand-mère». Je me souviens encore de sa réaction. Il n’y croyait pas. Un écrivain aussi populaire, à Monthey! Cela lui semblait impossible. J’ai pris mon téléphone et l’ai appelée pour la première fois. En m’entendant, elle s’est exclamée: «Ah Josyane!» C’était comme si je parlais à une amie de toujours, comme si c’était… normal. Elle a accepté l’invitation sans hésiter. Au mois de mai, elle venait présenter son dernier ouvrage au Salon du livre de Genève. C’était l’occasion de nous rencontrer enfin.

Le mois de mai est arrivé

Accompagnée de ma fille, je me suis rendue à Genève, où nous devions retrouver Janine Boissard qui y parlait de «Belle arrière-grand-mère». Nous nous sommes installées dans le public pour l’écouter. A la fin de l’intervention, elle a demandé à la cantonade si «Josyane Zürcher était dans le public» – car elle ne m’avait jamais vue. Elle a expliqué au public qu’elle allait prolonger son séjour en Suisse en venant chez moi en Valais.

On m’a apporté le micro pour que je raconte notre histoire. Ensuite, nous nous sommes embrassées. Que dire? J’étais heureuse, mais pas impressionnée. Notre rencontre sonnait comme une évidence. Janine Boissard était telle qu’elle avait toujours été dans ses courriers: simple, authentique et chaleureuse.

Elle a passé deux jours chez moi

Entre les interviews et les séances de dédicaces, nous avons parlé de nos familles, de nos vies  – elle a quatre enfants et de nombreux petits-enfants. Par l’entremise de ses biographies, je connaissais déjà une partie de son parcours. Là, nous sommes allées un peu plus loin, en continuant toutefois de nous vouvoyer. C’est une femme forte et courageuse qui a su rester positive malgré les aléas de la vie.

Nous nous sommes découvert des points communs

Notre âge – elle est née en 1937, moi aussi –, une certaine philosophie de la vie. Comme moi, elle vit dans un appart’ atelier et y accueille ses petits-enfants – chez elle pour y étudier et chez moi pour peindre. Elle a rencontré ma famille, mes amies, tous enchantés de faire sa connaissance et étonnés de sa simplicité. Chaque matin, elle s’isolait pendant deux heures pour écrire, puis nous prenions la route. Le point fort de son séjour a été la séance de dédicace. Deux heures non-stop, avec des lecteurs et lectrices de tous âges, dans une ambiance tellement chaleureuse! Cédric le libraire était ravi, et moi aussi, car c’était une vraie réussite.

Elle est repartie en train le mardi après-midi, en me rappelant que j’étais la bienvenue à Paris. Je garde de cette rencontre un très beau souvenir. Depuis, nous continuons de nous écrire en nous demandant des nouvelles de nos familles respectives. Si nous nous sommes rapprochées, il n’est cependant pas question pour moi de l’accaparer. Avant de partir, je lui ai offert une aquarelle et elle m’a promis de m’envoyer un exemplaire de son prochain livre avant sa sortie en librairie cet automne. Un roman qui aura cette fois pour trame non pas la famille, mais un autre sujet qui me tient à cœur… la peinture.

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