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Aujourd’hui, à 28 ans, elle s’ouvre à la vie après un long chemin d’auto-acceptation. Quand je revois des photos de moi adolescente, je me dis que j’étais très bien. Et je regrette d’avoir perdu une partie de ma vie…

Aujourd’hui, je veux juste être moi-même

Pas un clone de n’importe qui! J’ai souvent la sensation que les gens ne me perçoivent pas telle que je suis vraiment. Avec mon surpoids, ils me mettent directement dans la case paresseuse et sans volonté. Et comme j’aime les habits, être soignée et apprêtée, on me catalogue «superficielle», sans chercher à savoir si je suis intelligente.

Apprendre à m’accepter a été un long cheminement qui se poursuit encore. Au début de l’année, je me suis inscrite comme candidate au concours de Miss ronde, une démarche inimaginable pour moi, il y a trois ans encore! (Ndlr: Nadia est sortie 16e sur 37 au vote du public effectué le 6 mai 2012). J’ai envie de montrer que ce n’est pas parce qu’on est ronde qu’on ne peut pas être belle. Entendre «tu es jolie malgré tes rondeurs», m’énerve profondément. Ce n’est plus un compliment qu’on me fait, on souligne juste une tare!

J’ai commencé à prendre du poids vers 10-12 ans

Personne ne comprenait pourquoi. C’était d’autant moins compréhensible que ma sœur, qui est ma fausse jumelle, est toujours restée menue, même si elle mangeait plus que moi. Au début, je ne me sentais pas particulièrement mal ni différente des autres. Les choses ont commencé à changer avec les réflexions méchantes et les moqueries de mes copains et de mon entourage. On me disait que je n’allais jamais trouver de mari, qu’il fallait que je me contrôle et que j’arrête de manger…

A l’époque, je vivais en Tunisie, au bord de lamer. Peu à peu, j’ai refusé d’aller à la plage et je restais enfermée seule à la maison pour ne plus entendre les remarques blessantes. La pire période, ça a été entre 14 et 23 ans. Je voulais être mince comme ma sœur et pour y arriver, j’ai essayé tous les régimes. Comme aucun ne fonctionnait, je ne mangeais plus rien… mais même cela n’a pas marché!

A la maison, on ne parlait pas de mon poids

Ma mère, qui était ronde, elle aussi, avait beaucoup souffert des remarques de sa propre mère et elle était attentive à ne pas reproduire cela avec moi. Le sujet était tabou. Quand j’ai eu 17 ans, nous sommes venus vivre en Suisse, pays d’origine de ma mère. Je me souviens de mon premier jour de cours au gymnase à Lausanne. J’étais terriblement nerveuse à l’idée de me retrouver dans une classe où tous les élèves se connaissaient depuis des années. Mais j’ai été bien accueillie. J’étais la nouvelle de Tunisie.

Du coup, mon poids est passé au second plan. Pourtant, je suis restée en retrait. J’avais très peur de m’exposer et d’être jugée, j’avais eu ma dose de critiques! Durant le gymnase puis à l’uni, pendant que les copains sortaient faire la fête, je restais seule enfermée chez moi. Je ne mangeais jamais en public et je pouvais passer des journées entières à ne rien avaler, comme si mes besoins vitaux s’étaient figés. Je craignais trop les commentaires!

Pendant ce temps, ma sœur sortait, avait des petits copains…

J’en étais jalouse, évidemment. Malgré les apparences, je rêvais moi aussi de rencontres et de fêtes. Tout en me disant que je ne méritais pas d’être heureuse et de me sentir bien. Comme s’il fallait que je me punisse moi-même. Cela me semblait de toute façon inconcevable que quelqu’un puisse s’intéresser à moi! Lorsqu’un garçon m’invitait, j’étais persuadée que cela cachait quelque chose, que c’était pour se moquer. Alors je refusais toutes les invitations.

Je surfais sur des sites de rencontre mais mes relations restaient virtuelles. Je m’interdisais tout face-à-face. Oh, j’en avais très envie mais je me disais, fais d’abord ton régime et quand tu auras perdu du poids, on en reparlera. J’avais si peur d’être blessée. Je savais que je ne pourrais pas le supporter. J’avais mis une carapace bien épaisse. Ne pas pouvoir mettre une cause sur mon surpoids rendait les choses particulièrement difficiles. Je remarquais bien que je mangeais moins que la plupart des gens sans que mon poids ne bouge.

Quelque chose devait clocher

Je craignais tellement les jugements et les remontrances que j’ai attendu d’avoir 25 ans avant d’oser consulter un spécialiste. Le contrôle a révélé une hypothyroïdie qui expliquait mon surpoids, mais aussi ma fatigue et ma frilosité. Cela a été un vrai soulagement. Dès lors, j’ai compris que je n’avais pas beaucoup d’emprise sur cet élément. La seule solution: m’accepter. Et me soigner.

Je suis en traitement aujourd’hui, mais trouver les dosages corrects prend du temps. Une fois que j’ai su l’origine de mon surpoids, je me suis ouverte. Lors d’une soirée en compagnie de ma sœur, j’ai rencontré un homme avec qui nous avons beaucoup discuté. Lorsqu’il m’a proposé de nous revoir le lendemain, j’ai accepté, sans trop réfléchir. Cela a été ma première réelle prise de contact en matière de relations. Même si celle-ci n’a pas duré, elle m’a donné confiance.

Après cela, j’ai osé me lancer dans d’autres rencontres et j’ai constaté avec étonnement que je me faisais beaucoup draguer. Je n’y croyais pas. Moi, je pouvais plaire? Et puis j’ai rencontré mon compagnon actuel, sur Internet aussi, et nous vivons ensemble depuis bientôt trois ans. A ses yeux, je suis parfaite, il me couvre de compliments! J’apprends à m’ouvrir aux autres, notamment dans mon travail d’assistante de collections dans un musée, même si cela me fait parfois un peu peur.

Une chose qui m’a beaucoup aidée, c’est l’écriture, une de mes passions depuis toujours. Il y a quelques mois, j’ai mis en ligne un blog dans lequel je publie mes écrits. C’est aussi une manière de m’ouvrir. Je m’étais enfermée dans une prison dont moi seule détenais la clé… Aujourd’hui, je veux me voir à travers mon regard et non pas à travers celui des autres.

papillons.bleublog.lematin.ch

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