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«À 50 ans, j'ai commencé à écrire des romans érotiques»

Vecu Romans erotiques Corinne Sporrer

Arrivée au cap de la cinquantaine, June s'est posé la question fatidique: sa vie resterait-elle un long fleuve tranquille ou est-ce qu'elle voulait y changer quelque chose? La réponse était claire et elle a choisi la deuxième option.

© Corinne Sporrer

Tout a commencé à l’approche de la cinquantaine. Je n’étais pas vraiment à l’heure du bilan, mais je ressentais un appel, sans trop savoir l’identifier ni déterminer vers quoi il me poussait. J’avais élevé mes enfants, j’étais heureuse en mariage et mon travail dans le social me comblait.

Ma vie avait été bien remplie jusque-là. Au fond de moi, j’avais envie de profiter un maximum des années à venir, d’entamer un nouveau chapitre.

Alors, je me suis posé la question fatidique: ma vie resterait-elle un long fleuve tranquille ou voulais-je y changer quelque chose? La réponse était claire et j’ai choisi la deuxième option. Mes enfants avaient été le but de mon existence et je culpabilisais un peu de penser à moi tout à coup. Pourtant, en même temps, il fallait que je fasse quelque chose pour moi. C’est à ce moment-là que j’ai trouvé ce qui serait mon jardin secret: l’écriture. Sans savoir vraiment quel thème j’allais aborder.

J’ai une formation littéraire, mais même si j’ai toujours rêvé d’écrire et que j’ai l’amour des beaux textes, je suis surtout une grande lectrice. Gaga d’internet et initiée aux réseaux sociaux par mes enfants, je suis devenue membre d’un forum autour de l’écriture. Chacun y livrait ses poèmes, ses textes, et tous pouvaient commenter en direct. Je me suis lancée. L’idée d’écrire des romans érotiques n’était pas préméditée. Elle m’est venue en rêve. J’ai vu l’héroïne, imaginé son histoire et, une nuit, à trois heures du matin, je me suis levée pour commencer à écrire sur ce forum.

Dès le début, la trame a été érotique, de l’érotisme que j’aime qualifier de réflexif, parce que j’aborde tout autant des thèmes de société que psychologiques.

J’attache une grande importance à l’esthétique, ce n’est pas de la pornographie. Pour moi, la sexualité se vit dans un mouvement de développement de soi et non pas en réduction bestiale, comme le véhiculent bon nombre de clichés pornos.

Ménopause: comment on en a fait une maladie

Les retours positifs m’ont procuré une émotion folle et encouragée à continuer. J’ai décidé d’écrire sous pseudo: June, parce que je suis née en juin et Summer, parce que j’aime l’été. C’est aussi simple que ça. J’ai décidé de garder l’anonymat dès le départ parce que je voulais préserver mes enfants, vu le thème choisi qui – même en 2019 – peut choquer certaines âmes bien-pensantes. Par ailleurs, j’aime entretenir le mystère, ça donne du piquant à mes histoires. En plus de la satisfaction que me procure l’écriture en direct sur internet et l’incroyable échange que cela suscite via les commentaires des uns et des autres, je me suis fait des amis: lecteurs, auteurs, artistes… dix ans après, j’en suis à une vingtaine de romans en autoédition.

Tout pour échapper à la routine

A 50 ans, ou même avant, combien de femmes peuvent-elles dire qu’elles s’épanouissent dans leur sexualité? Ce que j’entends autour de moi, c’est plutôt que leur couple, leur mariage ressemble à une colocation. Il est dur d’échapper à la routine, on est d’accord. Parler de sexualité est encore un tabou et à tout âge.

Contrairement à ce qui se fait en matière de romans érotiques plus classiques, mes héroïnes ne sont pas de jeunes et belles idiotes rencontrant un millionnaire qui les initie au sexe.

Elles sont mamans, ont un certain âge, et veulent partir à la découverte de leur sensualité. Ce qui a été le cas pour moi. C’est comme si je vivais une nouvelle adolescence et je me sens terriblement bien. J’ai même fêté la fin de mes règles et, pour moi, ménopause a rimé avec apothéose, pas avec sinistrose! J’assume cette nouvelle parenthèse de vie. Mes histoires sont un mélange de tout ça: de gens que je rencontre, de ceux que j’imagine, de moi. La sexualité évolue au cours de l’existence, mais elle reste essentielle dans nos vies. Pourquoi serait-elle interdite ou tabou? Je suis en paix avec ça. Mes enfants sont grands, je peux écrire sans me planquer, c’est ma liberté – un thème d’ailleurs très important pour moi –, ils sont au courant de ce que j’écris et l’acceptent bien.

L’érotisme en art de vivre

Je m’intéresse beaucoup à la vie de couple et à ce qui la nourrit, à comment la faire perdurer et s’épanouir. Je cite volontiers en exemple un couple d’amis qui s’aménagent encore aujourd’hui, une fois par mois, un rendez-vous ailleurs qu’au domicile pour lequel chacun se prépare et fait une surprise à l’autre. Ils sont épanouis et vivent toujours ensemble. C’est pour moi un modèle du genre: se faire des surprises, se séduire, pratiquer l’érotisme en art de vivre.

J’apporte aujourd’hui un soin tout particulier au choix de mes vêtements, par exemple, pour séduire mon compagnon. Quand j’étais dans mon rôle de maman, je n’y prêtais aucune attention.

Maternité et sexualité sont difficiles à concilier pour les femmes. Ça doit être une question d’hormones, car quand je garde mes petits-enfants, je redeviens une autre femme, raisonnable et posée. C’était pareil quand j’avais mes bébés, rien d’autre – et encore moins le désir de mon mari – ne comptait. Il y a un temps pour tout. C’est ce que je dis à mes enfants. Je les ai élevés en leur apprenant l’importance de la fidélité, dans le respect du couple. J’ai tout donné pour eux. Toutefois, désormais, j’ai un féroce appétit de vivre pour moi, de découvrir ce nouveau domaine, entre écriture et érotisme, avec mon compagnon actuel et ça fait un bien fou.

* Le pseudo sous lequel elle écrit.

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