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L’informatique a révolutionné l’imagerie médicale comme nulle autre spécialité. Désormais, plus aucune fracture, nodule ou autre anomalie plus ou moins inquiétante ne saurait échapper à l’œil du médecin. Au moindre doute, il est tentant de vouloir y voir clair au plus vite en passant un examen radiologique.

Lequel? L’échographie, qui fonctionne avec des ultrasons, et l’imagerie par résonance magnétique (IRM) sont sans danger. Par contre, les radiographies et les scanners, qui agissent avec des rayons X, peuvent traverser la matière vivante et donc, potentiellement entraîner des lésions dans les cellules ou l’ADN. «Ils sont susceptibles de casser des liens chimiques et biochimiques, des protéines, ioniser des électrons et créer des radicaux libres», détaille le professeur Reto Meuli, chef du Département de radiologie médicale au CHUV.

Les risques, à terme, sont connus grâce au suivi de populations d’Hiroshima et de Nagasaki, soumises aux radiations des bombes nucléaires en 1945. «Le lien entre l’intensité de l’exposition et le risque de cancer y a été clairement démontré, explique le spécialiste. Toutefois, ces populations ont été exposées à des taux de radiations largement supérieurs à 100 mSv (millisieverts: une unité de mesure des radiations), des doses nettement plus élevées que celles auxquelles nous sommes exposés pour le diagnostic médical»… et dans la nature!

Des radiations naturelles inévitables

Car nous sommes quotidiennement bombardés de radiations naturelles: celles du rayonnement cosmique qui, quoique filtré par l’atmosphère, nous atteint. Mais surtout celles du radon, un gaz issu de l’uranium qui s’échappe des sous-sols. Il constitue la principale source d’exposition à la radioactivité, soit entre 3 et 5 mSv, suivant l’altitude où l’on se trouve: le Jura est ainsi plus exposé que le plateau suisse, et l’habitué du vol Genève-New-York davantage que le voyageur embarqué à bord d’un paquebot transatlantique.

Des impacts variables

Quant aux effets des radios subies dans le cadre médical, ils sont eux aussi très variables: ce n’est pas la même chose de recevoir une dose sur la main, sur le cristallin de l’œil ou dans l’abdomen, rappelle le professeur Meuli. L’examen le plus courant est la radiographie dentaire suivie de près par les radiographies faites en cas de traumatismes, au niveau de la jambe ou du thorax. Ces radios standards sont les moins irradiantes: aux alentours de 0,01 mSv pour la radio dentaire, et à peine plus pour le thorax. Les scanners sont eux des examens moins fréquents, mais aussi plus irradiants: un scanner du thorax équivaut à 5 mSv et un scanner de l’abdomen à 8 mSv, soit l’équivalent de plus de deux  ans d’exposition aux radiations naturelles.

Pas tous égaux face aux radiations

D’autres variables sont à prendre en considération, telles que la morphologie: sur une personne de forte corpulence, des doses plus importantes seront nécessaires à l’examen. Et les enfants sont nettement plus sensibles que les adultes âgés. La modernité de l’appareillage, ensuite: «En Suisse, nous avons globalement la chance d’être équipés des appareils les plus modernes donc les plus précis et délicats dans leur dosage.» Mais la machine se suffit pas, encore faut-il savoir optimiser ses réglages. C’est la troisième variante à prendre en considération: la formation des radiologues. Mais sur ce point encore, Reto Meuli affirme que les suisses n’ont pas de souci à se faire. «D’autant plus que les médecins y sont soumis à des normes très strictes quant aux objectifs à atteindre en matière de qualité du diagnostic. Et au CHUV par exemple, l’Institut de radiophysique avec l’Office fédéral de la santé publique recommande des limites de doses très précises pour chaque type d’examen.»

Comment limiter les risques?

Aucune méthode de «détoxification» après exposition aux rayons n’est aujourd’hui reconnue, selon le spécialiste. «On ne peut que compter sur les processus naturels de réparation: face aux agressions, les cellules ont une multitude de réactions internes de régénération.»

La meilleure façon de réduire les risques reste, selon lui, de limiter les expositions: «Quand j’ai commencé dans ce métier, un médecin observait un mal de ventre pendant 10, 12 ou 24 heures pour en suivre l’évolution. Aujourd’hui, nous vivons dans un monde où l’on refuse d’attendre; les patients aussi bien que les médecins veulent faire une radio au plus vite pour établir le diagnostic. Cette impatience, ajoutée aux progrès des machines qui donnent des réponses toujours plus précises, conduit à un nombre croissant d’examens radiologiques pas toujours nécessaires.» C’est oublier que, quoique banalisé et très contrôlé, le recours à une radiographie n’est pas anodin. Reto Meuli conseille donc de faire preuve de discernement: «Demandez au spécialiste qui vous propose cet examen de s’expliquer: à quel point est-ce justifié? Et n’hésitez pas à en parler avec votre médecin de famille, car si le radiologue peut répondre à toutes vos questions techniques, il n’a de vous qu’une connaissance partielle contrairement au médecin qui vous suit depuis des années.»

Pour aller plus loin, une visite, un livre, une appli

Portes ouvertes en radiologie Le Département de radiologie médicale du CHUV ouvre ses portes pour faire découvrir ses équipements à la pointe de la technologie et de la médecine.
Mardi 22 novembre 2016, de 13 h 30 à 17 h, 40 fr. par personne. Inscription obligatoire.

Tout sur la radioactivité Un petit guide rédigé par un physicien nucléaire qui répond de façon accessible et détaillée aux questions pratiques posées par le nucléaire et la radioactivité. Indispensable pour y voir clair.
«La radioactivité est-elle réellement dangereuse?» de Jean-Marc Cavedon (Editions Le Pommier, 2014).

Quelle dose pour chaque radio? Téléchargez l’application xrayprotect. Créée par un Institut de radiophysique, elle est d’abord destinée aux professionnels, mais à la portée du grand public: elle indique le niveau de radiation de tous les actes médicaux.


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