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Un cri d’alarme est lancé dans plusieurs pays suite à la progression fulgurante des troubles de l’audition chez les jeunes. Encore faudrait-il que ces derniers ne fassent pas la sourde oreille…

En Suisse, le nombre de jeunes ayant besoin d’un appareil auditif a augmenté de 39% entre 2003 et 2009, surtout dans la tranche d’âge des 15-19 ans. Aux Etats-Unis, une étude a montré que la proportion d’adolescents souffrant d’une perte auditive a progressé de près de 30% depuis les années 1990. Une autre étude américaine indique que les filles qui possèdent un MP3 ont 80% de risques supplémentaires de souffrir de problèmes d’audition par rapport à celles qui n’en possèdent pas. De son côté, la France a décrété le 8 mars 2012 Journée nationale de l’audition pour attirer l’attention de la population sur ce problème de santé publique qui prend des proportions inquiétantes.

Contrairement à une idée reçue, les personnes âgées ne sont donc pas – ou plus – les seules à devenir dures de la feuille. Chez les ados, la baisse de la capacité auditive est d’autant plus préoccupante qu’elle risque de se répercuter sur leur qualité de vie à l’âge adulte, en nuisant à leur vie sociale et professionnelle.

Des loisirs à risque

Dans un environnement naturel, les bruits présentant un danger pour l’oreille n’existent pas. Ceux-ci se produisent en milieu urbain (circulation routière, travaux), ainsi que dans le cadre du travail et des loisirs. Et pour les ados, de l’avis des spécialistes ORL, c’est bien le secteur des loisirs qui présente le plus grand risque. Selon une étude menée par la Fondation Hear the World, 40% des jeunes règlent le volume de leur MP3 sur 80 à 100% du niveau maximal possible; 60% écoutent de la musique au moins 5 à 6 jours par semaine, et 23% pendant au moins deux heures par jour. Les atteintes auditives sont d’autant plus importantes que l’intensité du bruit va de pair avec une longue durée d’écoute. A cela il faut ajouter les concerts et les soirées technos, rock, rap ou autres, dont le volume sonore est parfois poussé à la limite du supportable.

Le volume émis par les écouteurs des jeunes, dans les discothèques ou lors des concerts se situe généralement autour des 100 décibels. Or 85 décibels serait le seuil critique à ne pas dépasser sans protection contre le bruit (casque ou protection auriculaire). En Suisse, c’est d’ailleurs à partir de 85 dB que le port de protecteurs d’ouïe est obligatoire pour les travailleurs pratiquant leur métier dans un lieu bruyant.

Les jeunes n’y croient pas

Comment convaincre les ados de se montrer plus raisonnables, eux qui se sentent invulnérables et détestent les contraintes? La Fondation Hear the World, créée par la société Phonak, a eu l’idée de frapper leur imagination en faisant appel à des people: le chanteur Lenny Kravitz, la top-modèle Elle Macpherson ou l’acteur Ben Kingsley participent outre-Atlantique à une vaste campagne de sensibilisation.

Mais des informations précises s’avèrent sans doute plus utiles. Il convient d’expliquer aux jeunes que les cellules qui tapissent et protègent le conduit auditif peuvent être détruites en cas d’agressions sonores prolongées et répétées. Et comme ces cellules meurent mais ne se régénèrent pas, les lésions sont alors irréversibles et définitives.

A Lausanne, le Dr Albert Mudry se dit effaré par le nombre de jeunes souffrant de troubles de l’audition. Ce médecin ORL spécialiste de l’oreille constate que la génération techno est peu réceptive aux messages de prévention: «Nous essayons de les sensibiliser au problème, mais les jeunes ne sont pas ou ne veulent pas être conscients des risques. Nous avons beau leur dire que les lésions sont irréversibles, ils n’y croient pas et pensent que cela n’arrive qu’aux autres.» Le médecin ajoute: «Ce qui les intéresse, ce n’est pas d’écouter de la musique, c’est d’en ressentir les vibrations.» Quels sont ses conseils aux ados? «En cas de doute, de faire un test chez un professionnel pour savoir si l’audition a déjà commencé à se détériorer. De consulter au moindre signe de baisse de l’audition ou de bourdonnements apparus après un concert et qui ne disparaissent pas. Enfin, pour tous ceux qui font de la musique, de porter une protection auditive avec filtre intégré sur mesure.»

Signaux d’alarme

Les atteintes causées par une exposition sonore trop élevée et prolongée se manifestent sous forme de symptômes d’intensité variable. Il y a les bourdonnements d’oreille ou acouphènes, ces bruits parasites qui gênent l’audition, sont pénibles à supporter et doivent inciter à consulter rapidement un médecin ORL. Autre signal d’alarme, une surdité partielle: légère et temporaire, elle peut aussi s’aggraver et devenir permanente, avec une perte auditive plus ou moins importante. Il arrive aussi que les lésions provoquent une hyperacousie, une hypersensibilité aux bruits, souvent perçus comme douloureux. Ceux qui hésitent à voir un spécialiste peuvent se livrer à une première évaluation de la qualité de leur ouïe au moyen de tests auditifs online. Pour ce faire, ils doivent alors s’isoler dans un endroit calme et utiliser de préférence un casque ou les écouteurs d’un walkman. Mais les professionnels déconseillent ce genre de tests, qui peuvent s’avérer faussement rassurants, car les fréquences auditives les premières concernées sont le plus souvent en dehors du champ de l’examen. En cas de doute, une visite chez le médecin ou dans un magasin spécialisé dans les appareils auditifs s’impose.

Ces bruits qui nous entourent

La zone de risque se situe entre 90 et 100 décibels. Le seuil de la douleur entre 120 et 130 décibels. Le danger de lésions réside dans le volume sonore associé au temps d’exposition. Ci-dessous une évaluation moyenne des nuisances en décibels:

  • Bruissement des feuilles dans les arbres 10 dB
  • Conversation à voix basse 20 dB
  • Chambre à coucher 30 dB
  • Musique douce 50 dB
  • Aspirateur, imprimante 70 dB
  • Rue à gros trafic 80-85 dB
  • Discothèque, baladeur au volume maximal, concert 100-110 dB
  • Tronçonneuse 110 dB
  • Marteau-piqueur 120 dB
  • Bruit d’avion au décollage 120-130 dB
  • Seuil de la douleur 130 dB

Selon l’organisation française AGI-SON, qui regroupe le secteur professionnel des musiques actuelles et milite pour une meilleure prévention, «une oreille peut tolérer l’écoute d’un baladeur à la puissance maximum (100 dB) pendant deux heures par semaine. Elle supporte l’écoute d’un concert à 105 dB pendant quarante-cinq minutes». Au-delà, les protections auditives sont indispensables.

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