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Il est des rites de passage, petits ou grands, qui se révèlent plus ou moins essentiels dans la vie d’un être humain. Un ami m’a dit récemment: «Tu ne connaîtras jamais la Corée du Sud si tu ne passes pas une soirée à quatre rounds avec une visite au nole bang!» Intrigué, j’ai tenté le coup, tout imprégné de Maître Dôgen que je venais de lire.

Fort jeune, ce grand moine, qui a fondé le zen Soto, fut travaillé par une question qui, jamais, ne le laissait tranquille: «Pourquoi, si notre nature essentielle est la «bodhi», tous les bouddhas doivent-ils lutter durement avant d’atteindre le plein Eveil?» Si la joie, le calme et la paix habitent déjà le fond de notre être, pourquoi sommes-nous aussi souvent agités, exilés, expatriés de notre quiétude natale? Le chapitre 95 de son fameux «Shôbôgenzo», sans pour autant me transformer subitement en un imperturbable bouddha, me donne matière à pratiquer. Comment se fait-il qu’il soit si dur d’être durablement serein? Comment calmer la machine infernale pour vivre davantage dans la détente et la compassion? Dôgen dégage une voie que nous pouvons suivre jour après jour. J’ai pensé à ses directives en me préparant au grand soir. D’abord, il invite à se dégager des désirs superflus. La joie de vivre n’a pas besoin de luxe ni d’adjuvant pour rayonner pleinement dans un cœur. Le trop n’est jamais bon. A se rappeler sans cesse quand les illusions rôdent autour de nous, quand jamais le repos ne nous délivre. Boèce écrivait fort à propos que la plus grande des chances est de savoir faire avec notre malchance. Trouver la joie en toutes circonstances, voilà la félicité qui se découvre si durement. Un proverbe coréen résume fort bien notre insatisfaction quasi congénitale: «Le gâteau de riz d’autrui est toujours plus grand.» Et c’est vrai qu’à l’heure de l’épreuve je me crois souvent le plus malheureux du monde. Accéder au contentement intérieur, c’est ne plus lorgner sur le statut social du voisin mais se reposer sur tout ce qu’il y a de bon en nos vies, y compris le plus banal, en apparence.

Hier, tandis que je m’évertuais à déchiffrer le menu d’un restaurant sans comprendre un traître mot, un ami m’a dit: «Qu’est-ce que tu as besoin de manger, là, maintenant? Ecoute ton corps. Ne te complique pas la vie!» Il m’a alors entraîné au «nole bang». La soirée s’est déroulée comme prévu en quatre rounds: barbecue, bar, karaoké, rebarbecue. En regagnant la maison, les oreilles encore bourdonnantes de sirupeuses rengaines, je me réjouissais de faire zazen avant de dormir, de quitter tout. Alors le silence fut mon dessert et des plus savoureux. Qui plus est, il est à toute heure «free of charge»…

Apaiser son esprit

Dôgen nous dit d’aimer la solitude. Pas facile à l’heure de WhatsApp, de Skype, de Facebook, à l’époque des téléphones portables, d’oser, pour un temps, suspendre les liens pour exister par soi-même et savourer la vraie rencontre. Dur dur de descendre au plus profond de soi-même alors que tout nous dispose à la dispersion. Pourtant savoir se reposer tranquillement en soi vaut tout l’or du monde. Dôgen voit juste quand il exhorte à aimer la solitude et à se dévouer aux autres. Quelle merveille que de conjuguer la capacité d’habiter la solitude et, dans le même temps, nous investir corps et âme pour soulager les maux de notre prochain. Et autant dire qu’il y a du pain sur la planche. Assurément de quoi décourager les meilleures volontés! Comment ne pas baisser les bras? Comment ne pas retomber dans l’habitude du malheur et de l’insatisfaction? Dôgen aurait-il prévu notre peine à nous engager et à œuvrer sur la durée lorsqu’il affirme qu’une ferme volonté (et non un volontarisme effréné) est requise pour que nous découvrions instant après instant la force de garder le cap? Mais encore faut-il savoir apaiser notre esprit. D’où peut-être le plus important: le «Zen-Jo». Apaiser son esprit c’est essayer de laisser passer les idées sans s’accrocher, voir que notre mental n’est pas le tout de la réalité et que, tous, nous sommes bien plus que nos pensées. Bref, pratiquons sans cesse! Tout en nous demande à croître. Approchons-nous de la lumière.

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