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Pourquoi l’impatience est aussi une qualité

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© Getty images /The Image Bank

Dissipons d’entrée tout malentendu: ralentir et prendre son temps sont deux conditions indispensables pour vivre pleinement sa vie. A contrario, être dans la dispersion et la précipitation demeure la meilleure façon de passer à côté de soi, des autres et de ce que le quotidien offre de meilleur. D’où, dans les ouvrages de développement personnel, les invitations récurrentes et légitimes à s’en débarrasser.

A «Psychologies», nous en sommes aussi profondément convaincus. L’impatience n’est pas notre meilleure amie. Ses méfaits sont réels. Elle sape notre persévérance, nous rend irascibles, est source de stress et d’inconfort relationnel. Mais pas seulement. Selon la psychiatre Stéphanie Hahusseau, elle est aussi une énergie, un élan, un moteur qui nous pousse hors du ronron de nos habitudes et de la résignation. A condition de distinguer celle qui fait de nous des râleurs et des zappeurs de celle qui nous donne des idées et des ailes.

L’impatience nous rend impulsifs…

L’impulsivité née de l’impatience peut être provoquée par la difficulté à s’opposer de manière constructive, à oser le conflit, à affirmer ses besoins, à réguler ses émotions, à élaborer un projet sur la durée ou encore à gérer sa frustration. Elle est, en général, nourrie et déclenchée par la colère ou par un sentiment d’impuissance.

… mais elle peut aussi être un moteur

L’impatience positive est une réponse au sentiment frustrant, ou parfois douloureux, de faire du surplace. Elle exprime le besoin d’aller de l’avant, de mettre fin à une situation, une relation, qui génère de l’inconfort ou de la souffrance. Elle est l’expression d’un désir, qui est le point de départ d’un nouveau cycle. Derrière la colère ou la frustration, il y a de l’enthousiasme, de l’énergie, mise au service du changement positif. Cette bonne impatience est de l’ordre du ressenti: le bouillonnement intérieur est lié au désir que les bonnes choses arrivent enfin. On a hâte de (re)devenir l’acteur joyeux et inspiré de sa vie.

La question qui fait la différence Ai-je simplement envie de passer à l’action très rapidement pour me soulager d’un inconfort ou d’une souffrance, ou ai-je hâte d’investir mon énergie ailleurs et autrement?

L’impatience fait de nous des zappeurs…

Dans notre culture de l’hyperchoix et des incessantes stimulations de toute nature, l’impatience est le comportement le mieux partagé en matière de consommation (de loisirs ou de connaissances) et de relations. D’où une tendance à l’éparpillement, à la superficialité, et la difficulté d’être persévérant et constant dans ses choix, ses émotions et ses relations.

… mais elle peut aussi garder notre curiosité en éveil

Se lasser de la routine, avoir envie d’explorer de nouveaux territoires, se montrer curieux de la différence et de la nouveauté, dans tous les domaines, permet de remettre en question ses certitudes, ses croyances et, parfois même, ses préjugés, ce qui rend plus tolérant et plus humble. L’impatience-curiosité permet aussi d’enrichir sa pensée et d’augmenter ses connaissances, même si cela passe par un apparent papillonnage. Si intelligence et curiosité vont souvent de pair, c’est parce que le goût du savoir l’emporte sur le besoin de sécurité et de familiarité.

La question qui fait la différence Est-ce que je me lasse par manque de constance dans tous les domaines, ou ai-je un ou plusieurs pôles d’intérêts que je nourris régulièrement et en profondeur en plus de ma tendance au zapping?

L’impatience peut nous rendre malade…

L’impatient est un être sous pression. Normal, il bouillonne à l’intérieur, ce qui le rend irascible et agité, deux caractéristiques liées à de nombreuses pathologies, dont l’hypertension. Cela explique le succès des méthodes de relaxation et d’ancrage dans le moment présent dans notre société de l’impatience généralisée et encouragée.

… mais elle peut aussi garder notre esprit jeune

Si la «mauvaise» impatience peut rendre le corps malade, la «bonne» peut faire du bien à l’esprit. S’intéresser à mille et une choses, avoir du goût pour le changement et l’inconnu, ne pas s’encroûter dans ses habitudes et ses certitudes sont de puissants antioxydants de l’esprit. Cette impatience-là est incompatible avec les plaintes et les railleries, car elle est fondée sur la croyance inconsciente qu’il y a toujours plus intéressant, étonnant, drôle ou réjouissant à venir.

La question qui fait la différence Est-ce que je me sens irrité et impuissant, ou est-ce que je me sens excité à la perspective de découvertes et de nouveautés?

L’impatience nous rend grossiers…

Une écoute parcellaire ou défaillante, des manifestations de mauvaise humeur (sécheresse de ton, remarques brutales, réponses inappropriées), des messages corporels d’ennui, d’irritation (battements de jambes, regards voyageurs, pianotements de doigts, bâillements…) sont autant de façon de dire à l’autre: «Tu me voles mon temps et ce que tu dis ne m’intéresse pas.»

… mais elle peut aussi nous aider à poser des limites

L’impatience peut aider à mettre fin à une situation ou à une relation pénible. Elle permet de poser ses limites et ses fins de non-recevoir avant d’atteindre un niveau de saturation critique. Ce versant positif de l’impatience aide à s’affirmer (dire non ou stop), à se faire respecter et également à ne pas se laisser vampiriser. Les personnes et les instants chronophages, qui restent une véritable obsession pour l’impatient, sont ainsi rapidement repérés et neutralisés.

La question qui fait la différence Est-ce que je me sens souvent de mauvaise humeur ou agacé par les autres, au travail notamment, ou est-ce que je veille à ne pas me laisser envahir ou malmener, ni à me faire voler mon temps?

Rubrique réalisée en partenariat
avec «Psychologies Magazine»
dont le numéro 368
est disponible en kiosque.
A consulter aussi sur psychologies.com


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