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Job: 3 portraits de femmes amoureuses de la nuit

Elodie Zhao Anne Laure Lechat 4 2

Elle concertise: Mélodie Zhao, 22 ans, pianiste classique

Pourquoi elle nous fait rêver… Après une enfance placée sous le signe du génie précoce, Mélodie la bien prénommée enregistre son premier disque à… 13 ans. Le fruit d’un travail intense. Egalement d’une vocation inexplicable. «Devenir pianiste était depuis toujours une évidence. Comme je sais que je marche, j’étais persuadée que j’allais devenir soliste.» La Suissesse mène depuis une carrière internationale, voguant entre les plus grandes salles de concert et son petit cocon personnel, une pièce insonorisée installée chez ses parents «pour répéter sans déranger les autres». Autour d’elle, dans sa maison de Saint-Prex, beaucoup de références à Beethoven, à La Callas, à Liszt, de même que des calligraphies chinoises. Occident, Orient, les deux hémisphères d’une même personnalité, qui a grandi entre Pékin et les rives du Léman. Puis de partir s’exiler seule à Berlin, à 20 ans, pour cause de «pétage de câble»: la crise de l’adolescence est peut-être plus radicale lorsqu’on fonctionne en adulte depuis l’enfance…

Comment la nuit l’inspire-t-elle? «De plus en plus de concerts sont organisés le matin, mais il y a quelque chose d’étrange à jouer si tôt. Le corps n’est pas tout à fait prêt physiquement.» Ni mentalement, d’ailleurs: «La nuit, elle, me donne une impression de liberté dans mon jeu. Ado, je passais la plupart de mes soirées sur mon clavier, jusqu’à 3 heures du matin! Comme si je pouvais soudain m’octroyer le droit à l’aventure. C’est là qu’on a les idées les plus folles, que l’on peut s’exprimer sans limites. Et ça se ressent pendant les concerts: la musique nocturne a davantage d’empreinte sur les gens.»

Sa plus belle nuit La fougue slave, le lyrisme polonais… et la générosité genevoise. A l’issue de son premier récital donné au prestigieux Victoria-Hall de la Cité de Calvin, en 2009, et consacré à Chopin, Mélodie sait qu’elle vient de vivre une soirée extraordinaire. «La plus forte de mon existence, même si à l’époque je n’avais que 15 ans. Tous ces applaudissements qui n’en finissaient pas… C’était incroyablement émouvant. J’ai eu l’impression de recevoir du public autant que tout ce que j’avais pu donner dans ce concerto pour piano.» Instant indicible qui continue de lui donner des frissons.

Elle vocalise: Alizé Oswald, 28 ans, chanteuse d’Aliose

Pourquoi elle nous fait rêver… Avec Xavier Michel, Alizé Oswald est Aliose. Et le duo fait partie de ces (trop) rares Romands à percer dans la musique. Aussi au-delà de nos frontières. Leur mini-album «Pixels» (5 titres, sorti chez Warner Music France) a été salué par «Le Parisien», qui «prescrit du Aliose à haute dose». Après un passage au dernier Paléo Festival et sur les ondes de la radio RTL, ils seront sur scène ce 2 décembre 2016 à Yverdon. L’occasion de découvrir, avant un prochain album en 2017, leurs mélodies pop folks et – on en a encore des frissons – des paroles sobres mais qui visent si juste.

Comment la nuit l’inspire-t-elle? «Je suis plutôt un oiseau de nuit qu’un oiseau de jour. Je suis une couche-tard, car j’aime ces moments où tout se calme autour, quand j’entre dans ce cocon tamisé que j’étire le plus possible, au point d’aller me coucher seulement lorsque je tombe de sommeil. Parfois, nous écrivons le soir avec Xavier, et c’est souvent lorsque nous sommes un peu «drogués» par la fatigue que les idées viennent. Je dois avouer que je suis aussi plutôt fêtarde. J’aime beaucoup sortir, danser, voir du monde, relâcher la pression, et je pense que tout cela me libère beaucoup. J’aime assez la dichotomie de la nuit: son côté enveloppant et apaisant quand on reste chez soi et son côté électrique et festif quand on sort.»

Sa plus belle nuit «Maxime Le Forestier nous a fait l’honneur de nous inviter pour faire sa première partie à l’Olympia, en mai 2014 C’était un rêve de gosse de fouler les planches de cette scène mythique mais, en plus, étant assez proches d’Arthur, son fils (avec lequel j’écris parfois des chansons), c’était encore plus merveilleux de vivre notre premier Olympia dans ce cadre presque bienveillant. Après les concerts, nous nous sommes retrouvés dans la loge de Maxime avec ses amis et une bonne partie de sa famille à chanter ensemble, comme autour d’un bon feu. Ce fut un moment inoubliable et simplement magique. C’est finalement pour ce genre de moments que je fais ce métier, en plus de ce qu’on partage avec notre public.»

Elle spatialise: Corinne Charbonnel, 52 ans, astrophysicienne

Pourquoi elle nous fait rêver… Certes, être astrophysicienne implique d’avoir une sacrée bosse des maths. Mais quand la soif de découvrir est là, le génie des chiffres devient une musique doucement entêtante. Cette professeur à l’Université de Genève tente de mieux saisir la chimie des étoiles. Son quotidien? Modéliser l’évolution des astres via des équations, puis vérifier ces théories par des observations au télescope. Ardu, peut-être. Mais combien de gens peuvent se targuer d’avoir leur passion pour job?

Comment la nuit l’inspire-t-elle? «Je passe finalement peu de temps derrière des télescopes. D’abord parce que le gros de mon travail consiste à plancher sur des formules, ensuite parce que les observations sont menées par le personnel technique spécialisé travaillant sur les machines, toujours plus sophistiquées et automatisées.» Reste que les quelques heures nocturnes où elle participe aux missions d’observation ont toujours une saveur particulière. «Tourner les yeux vers l’espace et les confins de l’univers est clairement émouvant. Le spectacle du ciel est d’une infinie beauté. Et puis l’on voyage dans le temps, puisqu’on voit dans le passé. La lumière de certains objets célestes ne nous parvient en effet qu’après des milliards d’années de voyage. Nous contemplons donc parfois l’univers tel qu’il était dans sa jeunesse. C’est juste fascinant!»

Sa plus belle nuit Lointaine, à la fois dans le temps et sur le planisphère, mais elle s’en souvient parfaitement. «C’était au Chili, pour le réveillon du 31 décembre en 1994. Pas du tout au milieu des cotillons puisque j’étais dans un observatoire. Les employés, eux, avaient quitté l’endroit pour aller faire la fête, et je me retrouvais seule, en plein désert de l’Atacama, en tête à tête avec mon gigantesque télescope.» Là, sans un être humain à l’horizon, dans un silence étourdissant et sous la pureté légendaire du ciel de la région, Corinne avoue avoir conjugué science et poésie. «J’avais cette sensation d’être retranchée dans ma tour d’ivoire, loin de tout le reste du monde. Et je me rappelle même de la bande-son, Enya, dont le CD tournait pendant que j’analysais les résultats de l’observation.» Instants planants. Aperçu de l’apesanteur dans cet espace qui l’obnubile tant.


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