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J’ai testé pour vous… l’autodéfense

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«Les filles se font tout le temps siffler, c’est vraiment insupportable, et si un jour cela allait plus loin, je voudrais qu’elles soient prêtes à riposter», explique cette mère dévouée lors du cours, un samedi à Lausanne.

© Getty

«Harcèlement» restera le mot de l’année 2017 en Suisse romande, selon le département de linguistique de la Haute école zurichoise des sciences appliquées. Le phénomène est mondial, et bouleversant. Aussi, quand une amie me propose de l’accompagner à une journée d’initiation à la self-défense, je n’hésite pas longtemps avant de dire oui.

Samedi matin 9h, nous nous retrouvons dans une salle de gym du centre-ville de Lausanne, et son inévitable mur miroir. Voilà bien longtemps que je n’ai pas fréquenté ce genre d’endroit. Sans parler de l’heure totalement surréel pour la marmotte que je suis. Qu’importe, nous sommes mo-ti-vées. Parmi les autres participantes (le cours est réservé aux dames), une maman et sa fille adolescente, ainsi que la meilleure amie de celle-ci.

«Les filles se font tout le temps siffler, c’est vraiment insupportable, et si un jour cela allait plus loin, je voudrais qu’elles soient prêtes à riposter», explique cette mère dévouée. Parmi les autres participantes, des jeunes femmes qui ressentent l’insécurité grandissante en ville, des voyageuses solitaires, et nous, citadines, célibataires, souvent de sorties dans Lausanne by Night…

Une demande en hausse chez les femmes et les jeunes

Notre instructeur a une solide expérience dans l’enseignement des techniques de combat. Il nous énumère en guise de CV ses nombreuses «dan» et ceintures noires dans divers arts martiaux. Il confirme notre intuition que la demande est en hausse, chez les femmes mais également chez les juniors. Il donne d’ailleurs des cours de sensibilisation aux enfants dans les écoles pour leur apprendre les bons réflexes en cas de tentative d’enlèvement. Il évoque également le problème du harcèlement entre écoliers, qui fait des ravages dans les préaux et comment les petits peuvent y répondre.

Pour commencer, une mise au point sur nos droits s’impose. Je vais bien vite comprendre pourquoi il est important de savoir ce que dit la loi quand on m’apprendra à casser des jambes, des nez, des mâchoires! Voici ce que dit le Code pénal suisse:
Art. 15 Quiconque, de manière contraire au droit, est attaqué ou menacé d’une attaque imminente a le droit de repousser l’attaque par des moyens proportionnés aux circonstances; le même droit appartient aux tiers.
Art. 16 1 Si l’auteur, en repoussant une attaque, a excédé les limites de la légitime défense au sens de l’art. 15, le juge atténue la peine.
2 Si cet excès provient d’un état excusable d’excitation ou de saisissement causé par l’attaque, l’auteur n’agit pas de manière coupable.

Le mot à retenir: «proportionné». Si j’ai bien compris, quand un gros lourd entre dans notre «zone intime» (0 à 60 cm, soit la longueur de l’avant-bras), on a déjà le droit de se défendre, DE MANIÈRE PROPORTIONNELLE. Ce peut être une claque! Reste à en assumer les conséquences ensuite. Après la zone intime, on parle de «zone personnelle», de 60 à 120 cm. Déjà bien assez proche pour qu’on ne se sente pas à l’aise si un inconnu s’y incruste. De 1,20 m à 3 mètres, on parle de «zone sociale», et au-delà de «zone publique».

J'ai testé pour vous: dire oui à tout pendant une semaine

Nous passons ensuite à la pratique en travaillant plusieurs types d’agressions. Nous formons des paires pour nous entraîner, dans une ambiance bon enfant, certes, mais tout en frissonnant en imaginant les circonstances réelles où nous pourrions être amenées à devoir utiliser ces gestes, qui ne sont pas encore des réflexes. Je trouve fascinant - et hyper rassurant - de constater que de petits mouvements tout simples peuvent nous sauver la vie. Essayez par exemple de frapper le dessus de la main de celui qui vous agrippe avec votre poing serré, phalanges vers le bas (genre comme pour faire toc toc)… c’est hyper douloureux!

On apprend aussi à esquiver une claque justement, à frapper avec les coudes quand on nous tire violemment par le bras ou encore à franchement abîmer la jambe de quelqu’un qui nous ceinture par derrière. La plus grande difficulté est de se mettre dans la peau de l’agresseur et d’envoyer des coups - même simulés - à sa partenaire. Les heures passent sans qu’on s’en rende compte tant l’échange est riche et instructif.

Les participantes soumettent des situations concrètes à l’instructeur, qui se fait un plaisir de nous transformer en tueuses sans pitié, genre «Buffy contre les vampires».

On passera sur certains commentaires légèrement déplacés, par exemple au moment de nous initier au coup de pied génital («celui-là, en général, les femmes adorent»…). La guerre des sexes est loin d’être terminée, mais cette journée m’aura permis au moins de gagner un tout petit peu de confiance en moi.

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