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Chronique: les listes me courent sur le haricot

Chronique Sonia Arnal 1

Sonia Arnal est rédactrice en chef adjointe du Matin Dimanche. Dans sa vie comme dans la vôtre, rien ne se passe jamais comme il faudrait…

© Silke Werzinger

J’aime à croire que c’est parce que avec les responsabilités la liste des missions à accomplir n’a cessé de se rallonger et qu’il n’est plus humain de tout retenir. L’autre option, c’est qu’avec les responsabilités c’est surtout l’âge qui est venu et les connexions neuronales qui s’en sont allées - bref, qu’Alzheimer guette.

Maintenant je dresse donc des listes exhaustives sur la double page de mon calepin. Une pour les affaires privées, genre appeler l’assurance qui s’échine à m’envoyer des rappels alors que j’ai payé la facture depuis longtemps, envoyer un mail à la gérance pour lui dire que cesser de chauffer les appartements en pleine canicule pourrait être une idée écologiquement et économiquement rentable (sic), demander à mon père si je peux emprunter sa voiture, consulter mes enfants et Carole pour savoir qui pourrait s’occuper de «Loulou-dit-Jésus», le chat, durant mes vacances. L’autre pour les missions professionnelles – là je ne vous mets presque que du faux, que voulez-vous, il y a secret de fonction, respect de la sphère privée, toute cette sorte de choses. Sur cette liste on trouve donc engager une stagiaire, écrire une chronique pour Femina, appeler la cellule enquête pour savoir ce qu’il y a au programme cette semaine.

Désormais, une des plus grandes satisfactions de mon existence, c’est de biffer des points sur ma liste. Mmmm, cette plénitude d’avoir accompli quelque chose de concret. Sans compter l’intense bonheur de voir la liste raccourcir.

Il y a un truc avec les missions. Leur prolifération échappe à toute maîtrise.

Enfin, ça c’est en théorie. Parce qu’en réalité toute cette joie ne dure pas: s’acquitter d’une tâche, c’est le plus souvent se retrouver avec quatre sous-tâches sur les bras. Appeler l’assurance pour lui dire qu’on a déjà payé la facture, pour prendre un exemple banal, c’est ensuite chercher sur son site d’e-banking la preuve dudit paiement parce que l’employé persiste à dire que 1) vous n’avez pas payé, 2) vous mentez éhontément en prétendant le contraire, et l’envoyer par mail à l’adresse qu’on vous a donnée au téléphone. Néanmoins vous recevrez le lendemain, alors que vous aurez cru en toute naïveté que vous pouviez considérer la tâche achevée, un mail en retour d’une dame charmante qui vous dira que ce n’est pas du tout à elle qu’il fallait envoyer le justificatif, mais à sa collègue. Dont elle ne vous donne ni le nom ni le mail. Donc il faudra d’abord lui récrire pour les lui demander. Puis enfin envoyer le document. Puis trois jours plus tard un nouveau mail qui dira en substance: «youhou? Il y a quelqu’un? Vous avez reçu ma preuve de paiement?», parce qu’on ne vous aura rien confirmé.

Bref il y a un truc avec les missions. Elles sont capables de parthénogenèse ou un truc comme ça. En tout cas leur prolifération échappe à toute maîtrise. Je cherche un nom pour qualifier ce phénomène, si possible d’origine grecque pour faire chic. En ce moment je penche pour gorgonisme.


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