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Mariette, 69 ans, se souvient. «Petite, je ne pouvais pas sortir de table avant d’avoir fini mon assiette, quitte à y passer des heures quand son contenu ne me plaisait pas.» Aujourd’hui grand-mère, la même Mariette admet faire passer directement au dessert sa petite-fille Zoé rechignant devant son rôti de veau-haricot. Des Mariette et des Zoé, on en a tous autour de nous. Et quand on est la génération du milieu, celle des parents, on a vraiment l’impression d’être pris en sandwich entre les bonnes intentions de Mémé, les messages de prévention santé et les tentations grasses et sucrées du marketing. De quoi remettre en question notre propre bon sens alimentaire. Et il en faut une bonne dose pour ne pas perdre ses repères.

En trente ans, notre environnement alimentaire a complètement changé: abondance des produits, courbes de corpulence en hausse, plus de sédentarité et moins de sport… Autant apprendre à vivre avec cette nouvelle donne donc. Et trouver un chemin alimentaire paisible pour faire face à tout ce qu’il y a à manger autour de nous. «Dans ce contexte d’abondance, la sollicitation est permanente. C’est bien de dire qu’on doit savoir s’arrêter de manger quand on n’a plus faim. Mais on peut à tout moment être tenté par une odeur alléchante dans la rue, ou par une publicité sur du chocolat devant la télé», explique Laurence Haurat, psychologue nutritionniste, auteur de Libérons l’assiette de nos enfants! Le dico de l’alimentation des 3-10 ans (lire encadré). Tout est donc une question de choix, et de repères à transmettre. Car faire de son enfant un mangeur épanoui dépend beaucoup de son propre rapport avec la nourriture. Bonbons or not bonbons? Comment lui faire manger de tout? Et les 5 fruits et légumes par jour? Retour avec Laurence Haurat sur 8 mécanismes qui se jouent autour de l’assiette.

1. Il ne mange rien

Quand les parents disent ça, ils veulent dire que leur enfant ne mange pas ce qu’ils aimeraient. En fait, ils finissent par expliquer qu’il n’aime «que» les yaourts, la viande hachée ou un seul légume…Mais est-ce si grave que ça? On a une espèce d’urgence à vouloir diversifier, à faire manger de tout, tout le temps. L’important, c’est qu’il goûte. On en demande trop aux enfants.

2. Pas la peine de lui proposer des courgettes, il n’aime pas

Ce n’est pas parce qu’un enfant a refusé une fois de manger des courgettes qu’il ne les aime pas. Peut-être les aimera-t-il en purée ou en gratin? L’éducation alimentaire est une patiente répétition des choses…

3. Impossible de lui faire manger ses 5 fruits et légumes par jour

Les parents sont confrontés d’un côté aux médias et aux campagnes de prévention qui prônent une alimentation équilibrée, de l’autre, à des enfants que ne font pas exactement comme sur le papier… alors si, en plus, ils ont quelques bourrelets, c’est la fin des haricots! Il ne faut pas se focaliser sur les refus, mais essayer d’associer l’enfant au choix des fruits, au marché par exemple, et varier les présentations, en rondelles ou en cubes à piquer. Restons simples et ludiques.

4. Même s’il n’a pas faim, il doit venir à table

On touche là à la dimension psychologique de l’alimentation. Manger autour de la table tous ensemble le soir, pour partager un moment, raconter sa journée, peut faire partie des valeurs auxquelles on tient. De plus, le climat autour de la table est aussi important que le contenu de l’assiette. L’enfant est là, présent, même s’il ne mange pas.

5. Il n’a pas de bonbons à la maison

Cela dépend de la pratique des parents. S’ils aiment manger des bonbons à la maison, et n’ont pas l’intention de changer leurs habitudes parce qu’il y a maintenant un enfant, ce dernier suivra l’exemple donné. Dans le cas inverse, c’est aux contacts des autres enfants qu’il y goûtera… et qu’il aura d’autant plus de plaisir à transgresser les règles trop drastiques instaurées par les parents.

6. S’il ne finit pas ses haricots, pas de dessert

Sur ce point, les règles et les limites des parents doivent être intransigeantes. L’enfant doit comprendre que s’il ne finit pas ses haricots, ça voudra dire qu’il n’a plus faim. Et en dehors du yaourt prévu comme à tous les repas, il n’aura pas droit à deux compotes en plus sous prétexte qu’il n’a pas assez mangé. C’est important de mettre l’énergie nécessaire pour fixer ces règles au bon moment… c’est un investissement à long terme.

7. Il ne sort pas de la trilogie pâte-patate-riz

Transmettre une éducation alimentaire, c’est aussi développer la capacité d’adaptation de l’enfant. S’il ne mange que des pâtes ou du riz, faits par maman, il ne sera pas du tout socialisé par son comportement alimentaire. Ce sera alors difficile de l’envoyer en vacances en colo ou chez un copain. Sans parler de l’uniformisation des goûts, qui le prive de sa chance d’avoir une alimentation variée à long terme.

8. Ce soir, qu’est-ce qu’on mange?

A cette question, nombreux sont les enfants qui répondront «des pâtes et du jambon». Or, l’enfant ne devrait pas se préoccuper de ce qu’il y a dans son assiette. Les parents doivent faire ces choix eux-mêmes. Et s’il ne mange pas, on ne lui fait pas des pâtes «juste au cas où». Cette peur ancestrale que l’enfant meurt de faim est complètement dépassée dans notre contexte d’abondance alimentaire.

A lire

«Libérons l’assiette de nos enfants! Le dico de l’alimentation des 3-10 ans», de Laurence Haurat, psychologue nutritionniste, Laura Annaert, Mamanchef, Ed. de La Martinière.

Un livre qui devient presque une bible, à consulter lorsqu’on a une question sur l’alimentation des enfants au fur et à mesure qu’ils grandissent. Construit sous forme de dictionnaire, on y trouve des réponses claires, courtes et hyperpratiques. Avec aussi quelques recettes simples et ludiques. Vraiment déculpabilisant.

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