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Alerte! 6 nouveaux dangers menacent nos couples

Alerte! 6 nouveaux dangers menacent nos couple
© Getty Images/Cultura Exclusive

Après l’infidélité, la jalousie et la routine, voilà que de nouveaux coups de griffes écorchent nos contrats amoureux. Absence d’attention, quête du plaisir immédiat notamment, nos couples ont de plus en plus de peine à voir la vie en rose. La faute à notre époque, qui nous a transformés tour à tour en hyperactifs, obsédés de la performance ou inaptes à assumer des frustrations.

Alors? Si toutes les histoires d’amour commencent encore par: «ils se rencontrent, se marient (ou pas)», la réalité statistique est moins glamour. Justine 27 ans, et Pierre, 31 ans, n’y pensent pas. Ils savent seulement qu’ils ont envie d’emménager ensemble à Genève, et cela leur suffit. Ils sont jeunes, heureux, passionnés. Pourtant, leur «love story» a un risque sur deux de finir dans le fossé. Précipitée par les menaces contemporaines qu’il faut savoir identifier et garder à vue.

E tat des lieux des 6 traquenards «nouvelle génération» qui dynamitent nos relations conjugales.

Le manque d’attention

«La mutation vertigineuse des modes de communication» ainsi que «la multiplication des supports informatiques» banalisent une sorte de «pathologie de l’attention». Le constat est dressé par la philosophe Nathalie Depraz, dans son nouveau livre «Attention et vigilance» (Ed. PUF, 2015). Les symptômes? Une incapacité à se centrer, une attitude de dispersion et d’éclatement résultant de l’hyperactivité mentale. Ce zapping permanent serait même devenu «addictif»… Sans être tous atteints de ce trouble, nous sommes plus ou moins soumis à cette évolution, qui fait disparaître «l’attention profonde au bénéfice de l’hyperattention multitâche».

Le couple en est l’une des inévitables victimes. Car plus nous fractionnons notre attention entre multiples écrans et activités, moins nous devenons capables de regarder longuement, soigneusement, notre partenaire. Or, ces regards sont fondamentaux: des études en psychologie sociale montrent que le temps passé par les partenaires à se regarder dans les yeux est un critère déterminant pour la longévité du couple.

Célèbre conseiller conjugal, l’Américain Justice Schanfarber le raconte dans un récent billet publié sur son blog. «Combien de clientes me disent: quelqu’un pourrait venir et m’emporter avec lui sous les yeux de mon mari, il ne s’en rendrait même pas compte.» Et, s’adressant à ces hommes inattentifs, il ajoute: «Votre femme n’est pas votre propriété. Elle ne vous doit pas son âme. Vous devez la gagner. Jour après jour. Moment après moment.» Mais cela exige un premier (immense) effort: la déconnexion!

Le culte de la performance

«Il s’est infiltré dans tous les champs de la vie, y compris la sphère privée, constate Karin Domenech, psychologue et thérapeute de couple à Lausanne. En tant que mari ou femme, en tant que parent, en tant qu’amant(e), il faut être performant.» Dans les années 60, déjà, l’ethnologue français Claude Lévi-Strauss écrivait que «tout se passe comme si chaque individu avait sa propre personnalité pour totem». Cette volonté de dépassement de soi s’est largement renforcée, dans un contexte économique qui met d’abord en exergue les valeurs de la concurrence et de la compétition.

«Sociale, cette pression est devenue intime, poursuit la psychologue: notre conjoint nous demande beaucoup, on lui demande beaucoup aussi, jusqu’à générer des angoisses de performance», telles que la peur d’être mal jugé, de mal faire, l’impuissance masculine, la culpabilité, mais aussi la frustration, le sentiment de ne pas recevoir assez de l’autre… La vie à deux finit par ajouter bien plus de charges qu’elle n’en soulage.

La quête du plaisir immédiat

Cela, poursuit Karin Domenech, est d’autant plus vrai à l’heure où «être heureux» semble être devenu un droit absolu. «Si l’autre n’est pas parfait, c’est-à-dire s’il ne comble pas tous mes manques, tous mes besoins, tous mes désirs, c’est qu’il ne convient pas, c’est que l’on ne me donne pas tout ce à quoi j’ai droit.»

La vie à deux suppose des frustrations, des concessions, des déceptions aussi. Mais dans un monde consumériste, où la quête du plaisir immédiat est présentée comme un idéal accessible, qui peut encore supporter de telles limites à sa belle (bien qu’illusoire) toute-puissance? «Si l’on ne reçoit pas le bouquet de fleurs auquel on s’attend, on se retrouve avec une frustration difficilement gérable, parce que, de manière générale, on n’a pas appris à la gérer!», explique Karin Domenech. Conséquences? La frustration s’exprime dans la colère, et le conflit est d’autant plus indépassable que chacun s’en renvoie la faute en toute bonne foi.

Le refus de la souffrance et de la différence

Ce contexte de recherche de plaisir à tout prix et de performance contrôlée engendre un refus absolu de toute souffrance. Or, celle-ci est indissociable de la relation, l’«autre» étant, de fait, différent de moi, donc décevant, frustrant, limitant… C’est la thèse du philosophe germano-coréen Byung-Chul Han dans son dernier ouvrage «Le désir ou L’enfer de l’identique» (Ed. Autrement, 2015), où il prédit rien de moins que la fin de l’amour et des relations véritables. «L’amour n’est plus (…) une narration, un drame, écrit-il, mais une émotion et une excitation sans conséquence. Il est exempté de la négativité de la blessure, de l’attaque et de la chute.»

Si chacun se retrouve lancé dans une quête de bonheur individualiste, l’«autre», en tant que différent, devient inacceptable, insupportable, voire invisible, car absorbé par un «moi» sans limites. C’est la définition même du narcissisme qui, selon Byung-Chul Han, détruit ce moteur censé nous pousser l’un vers l’autre: le désir.

La liberté et l’égalitarisme

«Le pouvoir de mettre fin à la relation, si besoin, a évidemment augmenté, remarque Jean Kellerhals, professeur honoraire de sociologie à l’Université de Genève. Dans chaque couple il y a cette propension à évaluer la qualité de la relation, à comparer divers possibles, à imaginer des ailleurs. Le couple concret est en quelque sorte en concurrence avec ces imaginaires, et cela ne va pas sans une certaine inquiétude, voire une certaine culpabilité.»

La liberté acquise ces dernières décennies par le couple est à double tranchant. D’un côté, elle permet de rompre avec la tristesse de vies déjà toutes tracées où, une fois posé sur les rails du mariage, le couple n’avait plus qu’à se laisser porter: avoir des enfants, les éduquer comme eux-mêmes l’avaient été, s’occuper d’eux pour madame, travailler à l’extérieur pour monsieur… Bref, des vies «prêts-à-porter» niant tout particularisme. Mais en contrepoint, elle laisse à chacun l’embarras du choix quant à sa vie de couple à inventer. «C’est plus de souplesse et d’autonomie, mais en même temps plus d’inquiétude voire d’angoisse», ajoute Jean Kellerhals. Il rappelle, pour preuve, que cette transformation s’est accompagnée de l’explosion du nombre de GGG, soit les «gens gérant les gens»: psy, coaches, thérapeutes…

Le manque de compétences

Plus autonomes, plus égaux dans l’échange, les partenaires se retrouvent à devoir toujours plus négocier. Or, la négociation est un art! Gérer le stress que génèrent les choix multiples et face auxquels les partenaires ont parfois des avis divergents, cela suppose des aptitudes que nous n’avons pas tous. Jean Kellerhals en a surtout dénombré trois: «Les aptitudes cognitives (par exemple savoir s’informer, rechercher la cause du problème, en discuter avec d’autres), relationnelles (être conscient de l’évolution de sa relation et de ce qui se joue avec l’autre) et d’action (passer à l’acte).» Or, explique-t-il, les enquêtes menées en Suisse montrent que la majorité des gens n’ont pas ces trois prérequis. Certains agissent vite pour ne pas avoir à s’interroger trop longtemps, d’autres au contraire se perdent dans leurs réflexions et ne passent pas à l’action. «Dans tous les cas, les modes de gestion du stress sont très souvent déficients.»

Communiquer, ça, nous savons faire: il suffit de nous regarder tweeter plus vite que notre ombre. «Mais constituer un couple, souligne Karin Domenech, cela suppose d’aller à la rencontre de l’autre, d’apprendre à être avec lui. Cela nécessite des compétences interpersonnelles que notre époque tend à dénigrer, au bénéfice des échanges superficiels où l’on ne partage pas grand-chose réellement. La forme mais aussi le temps de la relation ne sont pas ceux de la communication. Or, à confondre les deux, on devient de plus en plus malhabile dans la véritable relation, craintif du jugement, vite agacé, impatient.»

Autant de sentiments dont l’apaisement ne semble, parfois, pouvoir être trouvé que dans la solitude. Une solitude qui fait moins peur, car elle promet de n’être plus jamais totale. Virtuellement, du moins.

Amours et désamours Suisses en chiffres

Moins de mariages, plus de divorces En 2014, la Suisse a officialisé quelque 16 500 divorces, contre 6400 en 1970. Quant aux mariés, ils étaient près de 47 000 cette même année, pour se réduire à 41 200 en 2014. Un chiffre à la baisse, mais pas si mauvais: c’est quand même 3,6% de plus qu’en 2013.

Les caps fatidiques En 1970, le plus grand nombre de divorces était prononcé entre la 3e et la 5e année de mariage, avec un pic à la 4e année (491). Les couples qui se brisaient au-delà des vingt ans de vie commune étaient très rares. En 2013, ce sont les 6e et 7e années de mariage qui deviennent les plus difficiles à surmonter (plus de 2000 séparations). Mais plus aucun couple, même quinquagénaire, n’est à l’abri d’un divorce.

Dans quel canton s’unir pour un couple solide? Avec un taux de 2,9 divorces pour 1000 habitants, Neuchâtel est le canton où le mariage est le plus fragile. Un record qui va de pair avec celui du taux d’aides sociales, rappelant que le divorce est une cause d’appauvrissement, surtout chez les femmes avec enfants. Pour avoir le moins de risque de casser avec sa moitié, c’est dans le canton d’Uri qu’il semble conseillé de vivre (1,3 divorce pour 1000 habitants). Les couples y sont-ils aussi les plus heureux? Ça, les sondages ne le précisent pas.

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