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Vendée Globe: Alan Roura dans le sillage d’Ellen MacArthur

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Le genevois Alan Roura a terminé le Vendée Globe.

© AFP Photo/Jean-Sébastien Evrard

Il n’est pas toujours évident de savoir où l’on va dans la vie, même quand on a les pieds sur terre, alors imaginez quand on est en pleine mer, seul sur son bateau. Ce défi, Alan Roura l’a relevé cet hiver en terminant douzième du Vendée Globe après 105 jours de mer. Le Genevois a suivi sa boussole, les vents et les courants, mais aussi la trace laissée par la navigatrice britannique Ellen MacArthur lors de son tour du monde, en 2001. «Elle m’a beaucoup inspiré», avoue le marin suisse, marqué par le périple de son aînée.

«Je garde un souvenir très fort de son aventure, raconte-t-il. Dans une vidéo, on voit ce petit bout de femme monter en haut de son mât, puis redescendre en pleurs. Elle a terminé deuxième de la course cette année-là, à seulement 24 ans. Sa magnifique performance m’a fait ouvrir les yeux. Je me suis dit: «Pas besoin d’attendre 30 balais pour faire un beau Vendée Globe.» Ellen MacArthur a écrit un livre sur son périple autour du monde («Du vent dans les rêves», aux Editions Pocket). Alan Roura l’a dévoré. A la fin du dernier chapitre, c’était décidé: quand il serait grand, il ferait navigateur. Et participerait lui aussi au Vendée Globe.

Le Genevois avait déjà la tête dans les nuages et, surtout, les pieds dans l’eau. Il vit sur un bateau depuis qu’il est tout petit. A 12 ans, ses parents ont décidé de mettre les voiles. Toute la famille a quitté le Léman pour sillonner les mers du monde. Amérique, Afrique, Asie. Pendant que les autres enfants de son âge étudiaient la géographie sur les bancs de l’école, Alan Roura en faisait l’apprentissage grandeur nature.

Aussi déterminé que son idole

Cette formation précoce lui a offert une précieuse expérience de la navigation. Mais pour mettre du vent dans ses rêves et participer au Vendée Globe, il lui fallait encore trouver un bateau. Donc des sponsors pour le financer. Ce n’était pas une mince affaire, mais le jeune Alan est de nature déterminée. Comme Ellen MacArthur. «Je ne sais pas du tout pourquoi je suis aussi déterminée, mais je l’ai toujours été», reconnut un jour l’Anglaise dans la presse de son pays. «C’est la clé de mon succès. Au début, j’économisais sur mes tickets de cantine parce que je n’avais pas d’argent de poche pour pouvoir m’acheter un bateau.» Roura, lui, a organisé des collectes sur internet et frappé aux portes de soutiens potentiels. Il a remporté son pari grâce, notamment, à la participation de La Fabrique, son sponsor principal. Le 6 novembre 2016, il est devenu le plus jeune skipper au départ du Vendée, détrônant son idole Ellen MacArthur au palmarès de l’âge.

Les deux marins ont grandi ensemble à seize ans d’intervalle. «On a fait un peu le même parcours: Mini Transat, Route du Rhum, Jacques Vabre. Au départ du Vendée Globe, nous étions tous les deux très jeunes et avec peu d’expérience en course au large», se souvient Roura, qui s’est démarqué de son aînée par les ambitions sportives. «Elle a été beaucoup plus entourée et coachée que moi. Quand elle est partie pour le tour du monde, elle y allait pour gagner la course, elle le savait. Alors que moi c’était pour la finir, et je ne le savais même pas! (ndlr: il éclate de rire).»

Roura éleveur de moutons?

Ils sortiront tous deux gagnants de leur expédition, chacun à sa manière. «Deux vainqueurs, dont une!», titrait un journal français après l’arrivée de MacArthur aux Sables-d’Olonne. «Sa deuxième place est vachement bien», rappelle Roura, toujours admiratif. Le Genevois avait cet hiver un bateau bien moins performant que la Britannique en 2001. Franchir la ligne était déjà exceptionnel. «Ça a été la plus belle expérience de ma vie, raconte-t-il. Faire le tour du monde en solitaire, passer les trois caps… j’ai trouvé tout ce que j’étais venu chercher. Je veux repartir en 2020, mais avec un bateau compétitif, pour vraiment faire la course avec les meilleurs.»

D’ici là, Alan Roura aura tout le temps de voir la trace de son voyage autour du monde sur un écran, et de mesurer celle laissée dans le cœur des gens. Comme Ellen MacArthur, on y revient toujours, il espère lui aussi inspirer les apprentis navigateurs. «Quand on voit quelqu’un d’aussi jeune et dynamique que MacArthur finir son tour du monde, on veut faire pareil. Peut-être que mon périple donnera des idées aux jeunes d’aujourd’hui.» Alan Roura reprendrait ainsi symboliquement le flambeau laissé par la Britannique après la fin de sa carrière sportive en 2010, à seulement 34 ans. «Elle a complètement arrêté la voile, rapporte le marin suisse. Aux dernières nouvelles, elle fait de la politique en Angleterre et s’investit dans pas mal d’associations. Elle aide les gens. C’est joli. C’est une belle fin de carrière. Et puis, elle élève des moutons sur sa petite colline de Cowes, sur l’île de Wight.» De quoi donner des idées au navigateur suisse? «Devenir berger? Ah, peut-être pas, non! (ndlr: il se marre). Je ne me vois pas élever des moutons, mais les choses auront peut-être changé dans vingt ans!»

Ce qui le dope Au large, c’est clairement l’adrénaline. C’est vachement intéressant comme drogue, car au final, c’est bien une drogue.

Son don inattendu Je n’ai pas de don particulier. En tout cas, je ne crois pas en avoir un pour naviguer. Disons que je suis un bon marin, voilà tout.

Sur sa shamelist Ce n’est pas du tout de ma génération, mais j’adore Jacques Brel. J’aime ses textes, sa musique, mais aussi ce qu’il a fait de sa vie.

Son dernier fou rire C’était en plein Vendée Globe, quand je me suis rendu compte que je faisais peur aux bateaux de devant, bien plus puissants. J’ai éclaté de rire tout seul!

Son buzz J’ai appris bien après la fin de l’élection américaine que Trump avait été élu. Ce qui m’a choqué, c’est d’entendre qu’il voulait construire un mur entre son pays et le Mexique. J’ai trouvé ça absolument honteux.

Sa news Femme Je dois beaucoup à ma compagne Aurélia, qui m’aide chaque jour à avancer dans mon projet de nouveau départ dans quatre ans. C’est elle qui fait celui que je suis aujourd’hui.


©Christophe Bresci

Son actu Mon quotidien aujourd’hui, c’est de trouver un bateau ainsi que des fonds pour mon prochain Vendée Globe. J’essaie de me faire connaître auprès d’un maximum de monde. J’ai un film en préparation, qui sortira au mois de mai 2017 et qui va m’aider.


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