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Tous les adultes ont été des enfants qui posaient beaucoup de questions. A 43 ans, Sylvie Déthiollaz, elle, persévère et ne se contente toujours pas de réponses toutes faites. «J’ai besoin de comprendre par moi-même», affirme cette jeune femme gracile aux yeux brillants d’enthousiasme. Une force bienvenue, parce que sa passion se heurte souvent aux préjugés. Sylvie Déthiollaz, docteure en biologie moléculaire, consacre, en effet, sa vie à étudier des phénomènes inexpliqués avec une rigueur toute scientifique. Sa famille ne compte aucune grand-mère guérisseuse, aucun oncle qui aurait fait tourner des tables… «Je viens d’un milieu très rationnel, s’amuse la jeune femme. Mais, avec le recul, je me rends compte que, depuis toute petite, je me demande ce que nous faisons sur cette terre. Qu’est-ce que la vie? La mort?»

Pas étonnant donc que pendant sa scolarité, Sylvie Déthiollaz, soit attirée par la philosophie qui interroge et les sciences qui expliquent. Au moment de choisir une filière universitaire, après sa maturité scientifique, c’est le dilemme. «Finalement, j’ai choisi la physique pour devenir astrophysicienne. Comprendre les origines de l’Univers, ça me fascinait.» L’atterrissage est brutal. «Au début, les maths priment et j’étais frustrée. En plus, j’étais la seule femme!» Un changement de cap s’impose et Sylvie Déthiollaz abandonne ses rêves de télescope pour les microscopes. Passe de l’infiniment grand à l’infiniment petit. Et s’en trouve bien. «Le monde de la biologie est plus chaleureux. Et puis, c’était encore une quête des origines: celles de la vie.»

Recherches «secrètes»

Licence, séjour à l’Université de San Diego, retour à Genève pour entreprendre une thèse en biologie moléculaire. L’avenir de Sylvie Déthiollaz paraît tout tracé. En réalité, elle doute: «J’étais là, absorbée par une seule petite protéine, et je me demandais ce que j’allais bien pouvoir faire après mon doctorat! Mes interrogations fondamentales étaient toujours là. La science répond au «comment?» pas au «pourquoi?» Moi, c’est cette question-là qui me passionne.» En 1995, c’est le déclic. Un livre, recommandé par une amie, lui «ouvre une porte», comme elle dit. C’était un ouvrage qui traitait de la mort; plus particulièrement des expériences de mort imminente (EMI), ces moments au-delà de la vie que, dans le monde entier, des millions de gens racontent avoir vécus. Sylvie Déthiollaz a trouvé sa voie. Elle va chercher à comprendre ce phénomène. Scientifiquement, sans préjugés. Ses lectures, ses recherches, menées de front avec sa thèse, elle les garde pour elle. «Je n’osais en parler à personne. Vous imaginez les réactions dans mon entourage professionnel? Oser sortir du cadre m’a pris beaucoup de temps.» Celui de terminer sa thèse et de poursuivre ses travaux dans un laboratoire de San Francisco. En Californie, Sylvie Déthiollaz découvre que des scientifiques reconnus s’intéressent, eux aussi, à ce monde inconnu, parallèlement à une carrière classique.

Un sacré culot

De retour à Genève, Sylvie Déthiollaz tranche. Elle en fait son métier et renonce à briguer un poste universitaire. «C’était le grand saut dans le vide!» dit-elle en riant, comme encore incrédule devant son culot. «J’ai créé un lieu d’écoute pour tous ceux qui disent avoir vécu ce genre de phénomènes. Pour chercher de quoi il s’agit.» Le Centre Noêsis – du grec «noos» qui signifie «esprit» – naît en 1999. Sylvie Déthiollaz monte un site internet et reçoit… dans son salon. Dans leur immense majorité, les gens qui s’y confient n’ont rien d’illuminés. Ils ne souffrent pas non plus de troubles psychiques. Mais ils se demandent ce qui a bien pu leur arriver. Au travers de leurs récits, la chercheuse découvre alors qu’à côté des EMI, se manifestent d’autres phénomènes inexpliqués, nullement liés à la mort, comme des sorties de corps, parfois appelés voyages astraux. Et surtout, qu’on peut très mal vivre tous ces «états modifiés de conscience». D’où sa collaboration avec Claude Charles Fourier, un thérapeute qui a vécu une expérience apparentée à une EMI. «Je l’ai rencontré en 2003 juste au moment où je me sentais débordée par la souffrance de certaines personnes que je ne savais pas comment apaiser.» Croirait-elle désormais aux signes? La scientifique marque une pause. «Disons que depuis que je travaille dans ce domaine, j’ai constaté des coïncidences étonnantes. Comme les emplois que j’ai trouvés pour gagner ma vie au début de Noêsis, puis le soutien de la fondation Odier de psychophysique qui nous a permis de poursuivre nos travaux, de disposer de locaux adéquats et de rédiger un premier livre sur nos recherches paru ce printemps.»

Sylvie Déthiollaz est en tout cas convaincue d’une chose: «Maintenant, je me sens partie intégrante de quelque chose qui me dépasse, cela m’a donné confiance. Et la mort ne m’angoisse plus.»

www.noesis.ch; Etats m odifiés de conscience par Sylvie Déthiollaz et Claude Charles Fourier, Ed. Favre.

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