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C’est dans une maison bleue, à Froideville (VD), que Miss Suisse a passé ses 21 premières années. Quand elle a coiffé sa couronne, douze jours avant ses 22 ans, elle était prête à s’envoler du nid. Et c’est ce qu’elle a fait, emménageant à Lausanne avec son amoureux, Stefano, 20 ans et électrotechnicien. Mais Laetitia Guarino a gardé toutes ses racines vibrantes au cœur: «Moi, j’ai toujours vécu pieds nus dans la campagne. La ferme familiale, qui a été reprise par mes deux oncles, est juste en face de notre villa. Ils ont des arbres fruitiers, des vaches, le paradis!»

La princesse aux petits jobs

Dans les années cinquante, ses grands-parents maternels sont venus de Saint-Gall pour avoir leur propre exploitation à Froideville. Regula, la mère de Laetitia, avait six frères et une sœur, tous sont devenus agriculteurs. «Aujourd’hui, ils sont dispersés dans des fermes aux quatre coins du pays. Maman, qui a fait l’école ménagère, s’est occupée de nous à la maison, mais aujourd’hui elle est devenue aide à domicile pour le CMS.»

Petite, la môme de Froideville ne se souciait guère de son apparence. «Je n’ai jamais été préoccupée par mon physique. J’étais toujours collée à ma copine Sara et j’aimais courir dans la ferme et fabriquer des petites maisons pour les animaux. On faisait du vélo et des dessins à la craie par terre. A l’époque, je dormais avec ma sœur Ludivine, qui est deux ans plus jeune que moi, dans la même chambre, rose, décorée de cœurs partout. Avec elle, pour s’amuser, on embêtait toujours notre petit frère Adrien, on lui faisait faire les quatre cents coups.» Elle éclate de rire. «J’étais une terrible! Franchement, je n’aurais jamais osé m’inscrire au concours Miss Suisse si mon coiffeur, Enzo – un Italien qui vient du village napolitain à côté du mien – ne m’y avait pas poussée. J’étais en première année de médecine, je bossais jusqu’à dix heures par jour à la bibliothèque de l’Université de Lausanne. Certes, je cherchais à gagner de l’argent pour financer mes études. J’ai fait des petits jobs, comme travailler chez un boucher de mon village ou, le soir, dans une institution pour personnes handicapées. Mais je n’aurais jamais pensé remporter la couronne.» On la croit sur parole, tant sa fraîcheur parle pour elle. Actuellement, la belle gagne un salaire fixe de 10 000 francs par mois, alors que les bénéfices supplémentaires vont à son association caritative, Corelina. «Mes oncles étaient tellement fiers quand j’ai été sacrée qu’ils ont donné le nom de «Miss Laetitia» à un petit veau qui venait de naître. Il faut garder le sens de l’humour…»

C’est un fait, la Vaudoise, telle Blanche-Neige, a toujours vécu entourée de bêtes. «Mon oncle Nicolas, hélas décédé, était aussi mon parrain et vivait dans l’exploitation à côté de chez moi. C’est lui qui m’a donné mon premier animal, quand j’avais 5 ou 6 ans. Il est arrivé un jour avec un gigantesque clapier et, à l’intérieur, un minuscule lapin. Je l’ai appelé «Nesquik». Je le baladais partout dans un panier, mais il est vite devenu énorme.» Alors Laetitia s’est mis en tête de lui faire faire des petits. «J’ai eu une ribambelle de lapereaux, je les lâchais dans les champs pour qu’ils prennent l’air. J’en ai donné un à Sara. Après, je les ai vendus pour 10 francs pièce au village. J’adorais mes lapins.»

Des racines et des rêves

La jeune femme a aussi toujours rêvé de liberté et de chevaux et a économisé pour s’acheter une jument, «Midnight»: «C’était un trotteur français en fin de carrière. Destiné au départ à la boucherie, il avait besoin d’être monté», se souvient-elle, soudain nostalgique. «Moi je voulais lui apprendre à faire des exercices au licol. Dès que je sifflais, «Midnight» se cabrait comme le cheval dans le générique de «Zorro». J’aimais qu’elle soit difficile à dresser. Je la montais à cru et nous galopions durant des heures.» Mais, par manque de temps et d’argent, Laetitia a dû la revendre pendant son gymnase. «Cela a été un crève-cœur… Aujourd’hui, j’ai un hamster et une petite chienne de 12 ans, «Lolita», qui vit à Froideville avec mes parents.»

Elle a beau avoir été élue reine helvétique, Laetitia n’en est pas moins une beauté latine. Elle reste profondément attachée au pays de son père, Antonio, venu d’Italie dans les années septante avec sa famille. Elle retourne avec plaisir dans le village de Cerreto Sannita d’où son grand-père, Luciano, est parti, un jour, pour trouver du travail en Suisse. «Je pense que cela n’a pas toujours été facile pour mon père et sa sœur. En tant qu’étrangers, on était mal vus ici pendant les années Schwarzenbach. Il a beaucoup voyagé, car il était acheteur pour des grands magasins comme Veillon. Notre villa bleue, toute en bois, c’est lui et ma mère qui l’ont construite de leurs propres mains.» Très proche des siens, elle évoque aussi son grand-papa paternel, jardinier dans une famille riche. «Il me répétait: «Il faut se concentrer sur sa vie, être généreux et ne pas se soucier des mauvaises langues.» On la sent admirative de ce clan qui s’est serré les coudes. «J’ai encore beaucoup de cousins à Cerreto Sannita, qui compte quatorze églises pour 4200 habitants!»

Une vocation à vivre

Mais d’où lui vient cette passion pour la médecine? «Je n’ai suivi la voie de personne, puisqu’il n’y avait ni docteur ni chirurgien dans ma famille. En fait, j’avais de très bonnes notes en biologie, en chimie et en physique au gymnase.» Elle s’était d’abord imaginée vétérinaire, mais son grand-père lui martelait sans cesse: «Deviens médecin.»–«J’ai fini par l’écouter.»

La vocation est arrivée plus tard. En deuxième année, Laetitia a suivi un stage à l’Hôpital du Chablais. Elle y a rencontré des enfants de Terre des hommes. «Il y avait là, devant mes yeux, un tout petit qu’on venait d’opérer pour lui implanter un stimulateur cardiaque. Cela m’a bouleversée. En tant que médecin, j’avais l’opportunité de l’aider. Sauver un enfant, ce n’est pas seulement lui rajouter une année, on peut changer toute sa vie. J’ai eu un déclic. Depuis, j’aimerais être pédiatre ou chirurgien spécialisé pour les enfants.» D’ailleurs, elle reprendra ses études en septembre, en quatrième année de médecine.

Grâce à son titre de miss et aux associations caritatives dont elle est l’ambassadrice, telles Corelina et Terre des hommes, Laetitia Guarino a eu l’opportunité de faire des rencontres incroyables cette année. «J’ai monté les marches au Festival de Cannes, parlé avec Vincent Cassel et Eva Longoria, serré la main du prince de Monaco au Bal de la Rose. Mais ce qui me reste comme un souvenir impérissable, c’est notamment mon face-à-face avec le chirurgien René Prêtre, mon idole.» Jusque-là, elle ne l’avait entendu que sur les ondes: il lui avait fait la surprise de lui parler en direct sur Radio Fréquence Jura le 23 octobre 2014, jour de son anniversaire. «Ce printemps, à Pâques, à la sortie de l’église de Boncourt, dans le Jura, une dame pousse les gens et m’apostrophe: «Vous êtes Miss Suisse? Moi, je suis la maman de René Prêtre. Il est là pour le dîner, venez boire un café à la maison.» C’était formidable, j’aurais pu l’écouter pendant des heures.»

Pour terminer, on ose lui demander pourquoi elle ne s’est pas déshabillée pour une marque de lingerie qui le lui proposait. «Cette année est unique, j’en suis consciente. Cela dit, je suis une passionnée, mais je ne suis pas une poupée.»

De gauche à droite et de haut en bas: A 2 ou 3 ans, Laetitia Guarino était déjà reine des près, à Schachen (LU), chez sa grand-maman. A 7 ans, heureuse en vacances en Sardaigne, comme sa sœur Ludivine, 5 ans (à dr.), et son frère Adrien, 4 ans. Agée d’à peine 1 an, elle profite d’un bain avec maman. A la plage à Yverdon, main dans la main: Laetitia (à dr.), sa sœur et son papa.

Curriculum vitae

1992 Sa naissance, le 23 octobre à Morges.

2011 Sa rencontre avec son amoureux Stefano, le 5 mars. «On a fêté nos quatre ans ensemble cette année.»

2014 L’élection de Miss Suisse, le 11 octobre! «Cela a été le début d’une année inoubliable. Je n’ai pas pleuré, mais j’ai eu un coup au cœur quand j’ai entendu mon nom.»

Questions d’enfance

Une odeur d’enfance Les gâteaux aux pommes de ma maman quand on rentrait de l’école. Elle fait les meilleurs du monde.

Un dessert enchanteur Toujours des gâteaux aux pommes, avec du caramel et des raisins. Petite, je pouvais en manger un en entier.

Mon premier amour Anthony Roubaty, dont les parents étaient amis avec les miens. On s’est connus depuis l’enfance et nous faisions des cours de flûte ensemble. A mes 10 ans, il m’a donné une plante et il m’a dit: «Le jour où elle aura une fleur, on se mariera!»

Mon bonbon préféré Les lasagnes vertes à cause de leur goût acidulé. Il faut dire que maman les dévorait quand elle était enceinte de moi.

La phrase que l’on me répétait et qui m’agaçait «Tiens-toi droite.» Bien des années après, j’ai dû apprendre à défiler pour Miss Suisse.

Un légume détesté Je mange tout. Mon père me disait: «Tu finis ton assiette avant de sortir de table.» C’est son côté italien: il faut manger.

Un jouet fétiche Mon lapin vert. Je l’avais déjà bébé. Quand il commençait à se désintégrer, ma grand-maman le vidait et remettait de la nouvelle mousse dedans. Maintenant, il est chez mes parents à Froideville. Je ne dors plus avec.

Mes premières vacances On allait en camping dans le sud de la France avec ma sœur Ludivine et mon frère Adrien. Au cap d’Agde, mon père nous enterrait sous des tonnes de sable.

Le vêtement dont j’étais fière Maman aimait nous habiller à la mode. Mais à la garderie, j’enlevais tous mes habits pour mettre la robe de princesse rose que je trouvais dans la malle.

L’héroïne qui me faisait rêver Pocahontas, car elle vivait dans la forêt, pieds nus, avec des animaux. J’en ai reçu une sous forme de Barbie à Noël. Moi aussi on m’appelait «la petite sauvage aux pieds nus» dans le village.

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