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L’humoriste Nathalie Devantay, fille unique en son genre

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L’humoriste lausannoise Nathalie Devantay.

© Luc Frey

La première chose qui frappe chez Nathalie Devantay, c’est sa manière de raconter des histoires. La sienne en l’occurrence, qu’elle parsème d’anecdotes, enrichit de croustillants moments, d’autres plus touchants. Elle y pose des couleurs en vrac, comme quand, petite, elle mélangeait les rouges à lèvre, vernis et fards à paupières de sa grand-mère. A la manière de Sophie dans la comtesse de Ségur. Elle ajoute à ses mots des parfums et des odeurs d’enfance. Elle croque la vie à pleines dents, comme les pâtisseries de sa marraine.

L’humoriste lausannoise parle vite. Ses phrases font du roller, ses adjectifs sautent à la marelle pour mieux cerner le sujet. Nathalie Devantay a gardé son âme d’enfant. Elle sait que les contes de fées ne durent pas mais croit encore au prince charmant, comme elle le raconte dans son dernier spectacle, «Le syndrome de Cendrillon.»

Quand elle évoque son enfance, elle ouvre un grand livre, richement illustré. «J’ai toujours aimé lire. Les contes que j’ai dévorés m’ont permis de construire ma propre vie. Je ne voulais pas forcément devenir une princesse, mais pouvoir être heureuse. J’avais besoin de cet imaginaire, de m’entourer, de m’évader, de m’enrichir. Tous les soirs, avant de m’endormir, encore maintenant d’ailleurs, je me faisais le film de ma vie rêvée. Et je dormais bien.»

Enfant, elle puise son bonheur partout, dans le rire de ses camarades de classe, la joie de ses amis voisins, la complicité de sa grand-mère maternelle chez qui elle peut tout se permettre. Elle a ce côté espiègle dans le regard, cette vivacité d’esprit qui lui seront utiles pour la scène. «J’étais beaucoup chez ma grand-maman Lilette. Elle était veuve et j’étais la seule petite-fille. Autant dire que je faisais tout ce que je voulais chez elle. J’ai le souvenir d’avoir transformé son appartement en restaurant, en salon de coiffure et maquillage, en magasin de vêtements. Je prenais tous ses produits de beauté et je jouais au laboratoire. Je remplissais le lavabo d’eau et je les déversais pour mélanger les odeurs des parfums, les couleurs des vernis. Elle me faisait à manger et elle m’amenait le plateau devant la télé. C’était le bonheur total.»

Pourrie gâtée

Du côté des grands-parents paternels, c’est aussi la liberté. Bien que différente. «Ils avaient une caravane. J’ai des images magnifiques de week-ends au camping au bord de la Venoge, avec toute la famille, les oncles et tantes. Ma grand-maman prenait toujours le temps pour m’apprendre à cuisiner. Aujourd’hui j’adore faire des bons petits plats.»

Fille unique. «Pourrie gâtée», aime-t-elle préciser avec malice. Elle est pourtant loin d’être seule. «J’avais vingt frères et sœurs.» Elle passe son enfance dans un lieu magique. Le béton y devient terrain de jeu, la forêt alentour offre des cachettes insoupçonnées, les champs voisins laissent fleurir l’imagination. Terreau magnifique pour la jeune Nathalie. «J’ai eu la chance de vivre dans un endroit extraordinaire. Nous vivions dans des immeubles au Mont-sur-Lausanne où tous les parents et les enfants s’entendaient bien. Comme autant de frères et sœurs. Nous étions tout le temps ensemble, dehors ou les uns chez les autres, à nous inventer des jeux. On ne pouvait pas rêver mieux.»

Nul besoin de créer un décor, il est là. Idéal. «Il y avait de la place avec deux grandes cours. Nous pouvions y aller avec les vélos, les rollers. On avait la ville et la campagne. Il y avait le champ à côté. On pouvait mettre des pétards dans les bouses de vache. Construire des cabanes, jouer à cache-cache. En hiver, on avait une équipe de hockey et on tenait la buvette. Il y avait aussi une piste de luge derrière la maison.»

En été, on imagine que la joyeuse troupe est tout le temps dehors à s’inventer des histoires, à se créer sans cesse de nouvelles aventures. «Nous faisions payer les voitures qui descendaient au garage. Les adultes devaient nous donner un petit pécule. Les beaux jours, tout le monde prenait sa petite piscine gonflable et nous les mettions les unes à côté des autres pour en créer une grande. On a eu des années magnifiques.»

Pas de nostalgie dans la voix, mais des yeux qui pétillent. Le bonheur est encore tout près, palpable. «J’ai eu tous les avantages d’être fille unique, sans les inconvénients.» Les amis d’enfance sont toujours là. Certains sont devenus parrain ou marraine de ses deux enfants. D’autres se sont éloignés, mais restent bien présents dans son cœur.

Ses parents lui ont donné cette liberté si précieuse pour l’épanouissement d’un enfant tout en étant attentifs, présents. «Tous deux ont toujours été là pour moi et ils le sont encore. Ils m’ont fait confiance. Il y avait des exigences minimales à remplir, comme ne pas faire de bêtises, ne pas rentrer trop tard. Mais dans l’ensemble j’étais relativement sage. Ils m’ont transmis la générosité du cœur, le respect des autres et la loyauté.»


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Du rire aux larmes

Mais le monde des contes de fées a ses revers. Les rencontres du «Petit Prince», livre fétiche de Nathalie, peuvent laisser un vide. «Je pleurais à chaque fois quand le renard meurt.» Le monde de l’école est souvent ingrat, il faut alors trouver des solutions pour être de la partie. Joueuse, c’est avec l’humour que Nathalie va redistribuer les cartes: «Faire rire est un moyen de se faire aimer et accepter, de s’intégrer au sein d’un groupe. Je n’étais pas la Barbie de l’école. Je n’étais pas la jolie de la classe. J’ai toujours été petite, un peu boulotte, mal dans ma peau. Donc, si on ne veut pas tomber du côté de ceux qui sont moqués ou embêtés, si on veut être populaire, il faut trouver un autre créneau. A certaines remarques blessantes que je pouvais recevoir, je répondais par l’humour. Parfois j’anticipais. Je me critiquais avant les autres pour les désamorcer, les couper dans leur élan. C’est devenu une force.»

Elle en jouera dans son one woman-show «Le syndrome de Cendrillon», qui verra sa dernière représentation le 23 avril 2016, avant qu’elle n’enchaîne sur la préparation d’un nouveau spectacle. Habile sur scène, elle se moque d’elle, de son âge, de ses formes, de ses amours ratées. Et toutes les femmes s’y retrouvent. On vous rassure, les hommes en prennent aussi pour leur grade.

Sur son site internet tout nouveau tout beau, sa fiche technique donne le ton. Age: à maturité, mais pas encore compostable. Taille: comme Madonna. Poids: pas comme Madonna. Etat civil: waiting for George Clooney. Enfants: deux, les plus beaux du monde... Une fois de plus Nathalie Devantay jongle entre un monde imaginaire et un autre, bien réel. Elle s’invente des histoires, des personnages, un décor.

Une manière de faire qui remonte à loin. «Petite, déjà, j’aimais faire des spectacles. Quand les meilleurs amis de mes parents venaient manger à la maison, leurs enfants et moi filions dans ma chambre. Nous nous déguisions et préparions des comédies musicales sur la musique de «Jésus-Christ Superstar». Un disque que mes parents ont regretté d’avoir acheté. Ils en avaient un peu marre.»

Elle rigole. Elle a choisi de ne conserver que les bons souvenirs, précisant que, les mauvais, elle les a oubliés. Les amis de son immeuble, ses grands-mamans gâteaux, ses parents premiers spectateurs d’une fillette pleine d’énergie, tout ce petit monde bien réel lui a permis de développer son imagination. Et c’est avec ce bagage qu’elle voyage. Sur scène.

Curriculum vitae

1973 Naissance le 24 février à Lausanne. «Il y a 46 ans. Euh… 43. Je ne suis pas très douée en maths…»

2008 Elle remporte le concours des jeunes talents du Montreux Festival du rire.

2016 Le 23 avril, «Le syndrome de Cendrillon» à Arnex-sur-Orbe.

2016 Le 23 septembre, création de son nouveau spectacle à Vuarrens.

Questions d’enfance

Mon bonbon favori Le carambar et les caramels mous à la consistance plutôt dure.

Mon dessert favori Le gâteau aux pommes de ma grand-maman. Inégalable. Je n’ai jamais réussi à le refaire.

Mon plat adoré Enfant, j’aimais beaucoup le hachis Parmentier. C’était la fête quand j’en mangeais. Il y avait aussi les escargots. Quand mes parents sortaient le soir, je leur demandais des escargots.

Mon légume détesté Le poireau. Sous toutes ses formes. Il était impossible de m’en faire manger. Maintenant j’adore.

Mon premier livre «Le Club des Cinq». Je les ai tous lus. Je m’identifiais à Claude, le garçon manqué de la bande, celle qui prenait toutes les décisions. J’adorais aussi les livres d’«Alice détective». Je voulais être comme elle, rouler en voiture décapotable et avoir un serre-tête dans les cheveux.

Le vêtement qui me plaisait J’avais une jolie robe que ma marraine m’avait cousue. Rouge à petites fleurs blanches. Avec ma cousine, on avait la même.

Mes premières vacances L’Italie au bord de la mer, à Cattolica ou à Rimini. Ce sont de beaux souvenirs. Sauf quand je me suis égarée sur la plage. On devait partir et je ne voulais pas. J’ai dit à mes parents que j’allais juste rincer mon seau et je suis allée me baigner. A mon retour, j’étais perdue.

Mon premier amour Mon voisin. On voulait se marier. Maintenant il est redevenu mon voisin, mais plus mon amour. On a les appartements côte à côte.

Une phrase que l’on me répétait souvent et qui m’agaçait «Ne rentre pas trop tard!»

Enfant, de quoi aviez-vous peur? Du monstre sous mon lit. Avant de m’endormir, j’avais un rituel qui consistait à m’entourer de toutes mes peluches pour faire une barrière et me protéger.

Mon jouet fétiche Les Barbie. On les habille comme on veut. Tout leur va. Et on peut leur mettre des robes que l’on ne portera jamais.

A l’adolescence. Sérieuse, mais pas pour longtemps!
Petit poussin dans les bras de sa maman, je n’ai pas 2 ans.
Prête à croquer le monde. En costume de clown, déjà. C’est de là que doit venir ma vocation…
Avec son papa au Mont-sur-Lausanne.
Avec ma cousine, les reines de l’arbalète!

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