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Disparition de Benoît Violier: une étoile a filé

Disparition de Benoît Violier: une étoile a filé
© Le restaurant de l'Hôtel de ville de Crissier

Demain, je n’irai pas déjeuner «chez Violier». A l’heure où, d’habitude, et si l’on a la chance d’avoir obtenu une table à l’Hôtel de ville de Crissier, on s’apprête pour une grand-messe gastronomique, je franchirai, avec des dizaines, peut-être des centaines d’autres, le perron de la Cathédrale de Lausanne pour un dernier adieu au meilleur chef du monde. Parce que ceux que j’aime savent qu’un bon repas avec eux vaut mille fois mieux qu’un bijou précieux. Parce que j’ai la chance, de par mon métier, de côtoyer de près ceux qui œuvrent dans quelques-unes des plus grandes cuisines, j’ai plusieurs fois eu le privilège de me régaler de ces assiettes taillées comme des diamants, de ces magnifiques produits toujours interprétés avec le respect de ce qu’ils sont. Avant de les goûter, j’ai observé ces œuvres d’art, avant de me résoudre après quelques instants à y plonger ma fourchette. J’ai contemplé Louis Villeneuve découper mon canard, Michele Caimotto, alors sommelier du restaurant, verser le vin dans mon verre. J’ai été fière de voir ma fille s’émerveiller devant la mécanique silencieuse de la brigade lors d’extraordinaires cours de cuisine pour enfants. Le plaisir, toujours, a été au rendez-vous. L’émotion aussi.

Je n’imaginais pas que cette cathédrale, si grandiose soit-elle, serait le lieu de mon dernier rendez-vous avec ce grand chef. Le lieu pour dire adieu à lui, qui accueillait chacun de la même manière dans sa cuisine, son grand sourire largement ouvert sur des dents aussi immaculées que sa toque. Un œil sur sa montre enroulée autour d’une patte de chamois pour donner le tempo, un autre sur les assiettes prêtes à partir en salle. Je ne pensais pas que le son des grandes orgues remplacerait si tôt celui des pianos de sa splendide cuisine.


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Le 15 septembre dernier, j’avais la chance d’être parmi les quelques personnes invitées aux soixante ans de l’Hôtel de ville. Attablée aux côtés des plus grands chefs, Régis Marcon, Didier de Courten, Pierrot Ayer, et leurs épouses, l’ambiance était à la fête, malgré le souvenir omniprésent de Philippe Rochat. Et le menu était grandiose: cette langoustine royale saisie et ce jus perlé à la Folle-Blanche. Ce chamois valaisan rôti aux éclats de poivre sauvage. Mes voisins de table, pourtant habitués au meilleur, avaient les yeux de Chimène.

Il y a trois semaines, à Crissier au petit matin pour interviewer Brigitte Violier après le titre de meilleur restaurant du monde, son époux était là bien-sûr, dans sa tenue de cuisinier tout juste réchauffée par une petite veste sans manche bleu marine. Une bise, des vœux de bonne année. Et le voilà déjà reparti. Aujourd’hui, je pense à tous ceux qu’il entraînait dans sa passion. A sa magnifique brigade, ses «guerriers». A son bras droit, Franck Giovannini, qui maintient le cap. Et à sa famille, sa maman, sa fratrie. Et puis à son fils Romain, et à toi, chère Brigitte, je veux dire toute ma tendresse.


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