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#FemmeFemina: Nuria Gorrite, politicienne, cultive l’art de vivre

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La conseillère d’État vaudoise Nuria Gorrite.

© Elsa Guillet

Guidée par les vers du poète espagnol Antonio Machado: «Voyageur, le chemin c’est les traces de tes pas (…) le chemin se fait en marchant», Nuria Gorrite a cheminé très loin. Et sur sa route, la conseillère d’Etat vaudoise, cheffe du Département des infrastructures et des ressources humaines (DIRH) a croisé des personnes qui lui ont montré le cap, ou aidée à choisir des bifurcations pleines de promesses. Sa maîtresse d’école enfantine lui apprend le français, son oncle l’initie à la littérature, les peintres Olivier Saudan et Pietro Sarto l’éveillent à l’art. Ce monde a été un moment le sien, mais sa voie s’est finalement tracée dans le sillon de la politique. Militante à l’exemple de son père, féministe par sa mère, cette femme d’exception a su avancer sans jamais oublier ses racines, s’élever sans renier le milieu modeste d’où elle vient. Car c’est ce qui l’a nourrie.

«Mon histoire familiale compte beaucoup dans ce que je suis aujourd’hui, confie Nuria Gorrite. Enfant d’émigrés venus d’un pays, l’Espagne, qui avait basculé dans le fascisme, j’ai grandi dans un milieu ouvrier, auprès de parents qui ont lutté pour la libération des prisonniers d’opinion sous le général Franco. Leur militantisme a sans doute marqué mon engagement politique. Parallèlement, ma famille a toujours manifesté beaucoup d’intérêt pour les arts et la culture. Ma mère m’emmenait au ballet, au théâtre, à la bibliothèque. Mon père lisait Trotsky, Marx, Bakounine.»

Les bienfaits de l’école

C’est dans les années 1960 que ses parents arrivent en Suisse, posant leurs valises à La Chaux-de-Fonds, avant de s’installer à Morges. «A la maison nous parlions espagnol, si bien que quand j’ai commencé l’école, j’avais de sérieuses lacunes en français. J’ai eu cette chance inouïe d’avoir comme première maîtresse Mme Bovard, la mère de l’écrivain Jacques-Etienne, qui vient de nous quitter. C’était une dame très distinguée et je lui dois beaucoup: en trois mois, j’avais comblé mon retard. Grâce à elle, j’ai compris que l’école exerçait aussi une fonction d’intégration, que c’est le lieu de l’égalité des chances. L’enseignement permet d’accéder à des niveaux supérieurs, d’enrichir son bagage, d’épaissir sa personne. C’est ce que m’a transmis Mme Bovard.»

A l’école, Nuria Gorrite découvre aussi la magie des mots et les richesses de la langue française. Dans ce domaine, son oncle Manu a également beaucoup compté. «Il effectuait des études de littérature. Chez lui, il y avait des livres partout. A 14 ans, il m’a fait découvrir Flaubert. J’étais évidemment trop jeune pour en saisir toutes les subtilités, mais je l’ai relu par la suite, et j’ai compris. Puis il y a eu Proust, Paul Eluard, Camus, Simone de Beauvoir. Grâce à cet oncle, j’ai franchi une barrière. J’ai compris que chacun se construit par soi-même, que rien n’est déterminé.»


©Elsa Guillet

Au fil de ses rencontres et de ses curiosités, la conseillère d’Etat vaudoise développe aussi un intérêt marqué pour les arts plastiques, l’histoire de l’art et la peinture contemporaine. Un homme, en particulier, lui a «appris à voir»: l’artiste Olivier Saudan, qui était son professeur de dessin au gymnase. «Il m’a fait découvrir Soulages et tant d’autres. Je venais d’une famille classique – mon père aimait le réalisme, le communisme, le concret – et l’art contemporain, c’était ma révolte. Mes parents sont allés jusqu’à suivre des cours à l’Université populaire d’art contemporain pour comprendre cette passion. Et aujourd’hui ils aiment Pollock et Rothko!»

Trois femmes lui ouvrent la voie

Art ou études? A 26 ans, alors inscrite en Lettres, à la faculté de Lausanne, Nuria Gorrite se retrouve face à un choix cornélien. «Parallèlement à l’Université, je montais des expositions pour Amnesty International, ce qui m’a fait croiser le chemin du peintre Pietro Sarto.» Ce dernier lui propose de prendre la direction du Musée Forel, à Morges. «J’ai beaucoup hésité, puis j’ai accepté de relever ce défi. Quand un jeune se lance dans la vie, il a besoin que quelqu’un lui fasse confiance. Pour moi, c’était Pietro.»

Dans ses fonctions, la future politicienne apprend les ficelles de l’art, mais aussi de la gestion, monte des expositions, met en lumière aussi bien Rembrandt que Louis Soutter. Un jour, pourtant, tout s’arrête. «Je siégeais au Conseil communal de Morges et j’ai été élue à la Municipalité. J’étais une jeune maman qui ne voulait pas sacrifier sa fille en cumulant trop d’activités. J’ai donc quitté le Musée Forel. Pendant longtemps, je me suis occupée d’objets, c’était l’heure de me consacrer aux humains, même si l’art continue de m’accompagner.»

Pour accomplir ce virage serré, Nuria Gorrite n’est pas seule. «J’ai eu la chance de rencontrer Ruth Dreifuss, Yvette Jaggi, Sylvia Zamora. Des femmes qui ont réussi à transformer la vie des gens par la force de leurs convictions et leur intelligence. Elles ont ouvert la voie dans laquelle je me suis inscrite.» Quand elle parle politique, Nuria Gorrite se concentre et va droit au but. Les mots s’enchaînent, rapides, précis. Elle convainc. Un talent que la socialiste maîtrise, et qu’elle déploie, encore une fois, pour décrocher son deuxième mandat au Conseil d’Etat vaudois, le 30 avril 2017.

Ce qui la dope Mesurer la chance de me lever chaque matin avec la capacité de pouvoir agir, c’est stimulant.

Son don inattendu On dit de moi que je sais fédérer les énergies et que j’arrive à trouver des solutions pragmatiques au service des causes que je défends.

Sur sa shamelist J’ai regardé pour la quatrième fois «Nos plus belles années», avec Barbra Streisand et Robert Redford, et j’ai encore pleuré au même endroit.

Son dernier fou rire J’en ai tellement! L’un des derniers concerne les chroniques de l’humoriste Guillaume Meurice. Je le trouve intelligent, drôle, percutant, comme les dessinateurs de presse.

Son buzz François Fillon et ses dérives. Toutes ces histoires m’attristent. Lorsqu’on croit, comme moi, à la noblesse de l’action politique, ce qui se passe en France décrédibilise l’ensemble de la classe politique et entache l’image des institutions.

Sa news Femme «Ada Marra. J’ai une immense admiration pour ma camarade de parti vaudoise, notamment pour son initiative sur la naturalisation facilitée de la troisième génération. Elle a mené ce combat toute seule et fait preuve de beaucoup de courage, d’opiniâtreté et de détermination. C’est la vraie noblesse de l’action politique.»


©Philippe Maeder

Son actu Les élections au Conseil d’Etat, où elle brigue un second mandat. Et une loi votée par le Grand Conseil vaudois. «On a réussi à faire adopter ce projet qui vise à généraliser l’accueil de jour parascolaire pour les enfants jusqu’à la fin de la scolarité obligatoire.»


©Getty Images/iStockphoto

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