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De «Trainspotting» à «Star Wars», Ewan McGregor mélange les genres et s’amuse de ses contradictions. Papa rangé, marié depuis près de dix-sept ans, il adore choquer et tourner nu. Pour la première fois, il endosse le costume de juré au Festival de Cannes.

Alors qu’on se réjouit de découvrir Des saumons dans le désert – nouvelle comédie romantique de Lance Hallström avec Ewan McGregor et Emily Blunt (dès le 6 juin 2012 sur nos écrans) –, nous avons rencontré l’acteur en exclusivité à New York. Confidences très «sex& rock’n’roll» d’un papa qui refuse de se déplacer sans sa famille, juste avant son départ pour le Festival de Cannes, dont il est l’un des jurés.

FEMINA On vous présente comme le pionnier de ce que les Américains appellent le «full frontal», c’est-à-dire montrer son pénis face caméra. Est-ce un plaisir personnel?
EWAN McGREGOR
Non, mais je n’ai aucun complexe par rapport à mon corps. Si un réalisateur m’explique que cela est bon pour mon personnage, je n’hésite pas à me mettre à poil tout de suite. C’est beaucoup plus difficile lorsque le film est produit par des Américains, car le puritanisme anglo-saxon est omniprésent dans les mentalités. Le film qui m’a révélé, Trainspotting, représentait le renouveau du cinéma anglais et une vague de fraîcheur face à l’industrie américaine. Si je dois montrer ma bite pour ça, allons-y!

Il faut tout de même avoir un côté exhibitionniste pour ça, non?
Bien sûr. La première fois que j’ai baissé mon slip, c’était pour une pièce sur l’holocauste durant mes études en art dramatique. Je me souviens très clairement avoir ressenti une excitation intérieure mais aussi une forme de pouvoir sur les spectateurs.

Qu’en pense votre épouse?
Elle n’a aucun problème avec ça, d’autant plus que j’ai tourné la plupart de mes scènes dénudées avec des hommes, pas des femmes! Je trouve cela passionnant de me mettre en danger, je n’irais jamais embrasser ou toucher un homme dans ma vie privée… Devant des caméras, cela ne me pose aucun problème. Pour le tournage de Velvet Goldmineavec Christian Slater, nous devions simuler une scène de sexe assez violente entre nos deux personnages. Nous étions tellement lancés dans l’action qu’aucun de nous deux n’a entendu le réalisateur crier «cut!» Vous imaginez la surprise des techniciens qui ont vu deux acteurs continuer à se tripoter alors que les caméras ne tournaient plus (rires).

A Hollywood, on dit même que vous avez lancé la mode des mecs à poils dans le cinéma américain…
J’en suis fier! Pour un film comme The Pillow Book, j’avais tellement de scènes nu que je me souviens très bien être resté à poil sur le plateau durant les changements de caméras. Pourquoi perdre mon temps à me rhabiller alors que je passais 8 heures par jour entièrement nu?

Comment expliquez-vous ces films à vos filles?
Elles sont encore bien jeunes pour voir ça. Mais il ne faut pas que la nudité pose problème, au risque d’avoir des adolescents complexés. Le corps humain est une réalité qui n’a pas besoin d’être niée. Je vais vous raconter la réaction de mon père la première fois qu’il m’a vu nu dans un film. Il est venu vers moi à la fin de la projection en disant: «J’ai vu que tu es bien mon fils… Tu as hérité de moi l’avantage d’être gâté par la nature.» Nous avons éclaté de rire, et voilà.

Allez-vous continuer à tourner nu le restant de votre carrière?
Personnellement, je n’aurais aucun problème à le faire chaque fois que cela sera nécessaire, mais j’ai passé le cap des 40 ans et cela finira par être moins intéressant à voir sur grand écran (rires). Et depuis quelques années, j’éprouve une gêne à simuler le sexe avec mes partenaires féminines car elles sont de plus en plus jeunes. J’espère ne pas me retrouver à 60 ans avec une fille de 22 ans dans mes bras pour un film. Plus je vois mes filles grandir et moins je peux accepter d’avoir une actrice qui aurait la moitié de mon âge comme amante.

Vous donnez l’impression de passer d’un pays à l’autre en enchaînant les tournages. Comment vous organisez-vous pour votre famille?
Cela demande une certaine planification, mais ma femme (ndlr: Eve Mavrakis) est formidable pour cela. Elle reste toujours dans l’ombre, pourtant, Eve est le roc de notre famille. C’est elle qui s’organise pour que tout se passe bien. Je l’ai rencontrée sur le tournage d’une série télé anglaise, il y a plus de dix-sept ans. C’était le coup de foudre et je suis encore amoureux comme au premier jour. Eve a un œil exceptionnel pour créer des décors, gérer le design d’un plateau, mais elle a choisi de travailler moins souvent pour que notre famille ne soit jamais séparée. Je l’aime et je l’admire.

Votre épouse, Eve, est Française. Savez-vous où elle est en ce moment?
Elle doit certainement faire du shopping dans Manhattan. Disons qu’elle dépense l’argent pour deux, puisque je n’ai plus le temps de sortir. Depuis que nous sommes mariés, Eve a préféré me donner des enfants (ndlr: Clara, 16 ans, Esther Rose, 10 ans, Jamiyan, leur fille adoptive de 12 ans, et Anouck, 15mois) et me suivre dans mes déplacements pour mon travail plutôt que de poursuivre sa carrière. Ma femme et mes filles parlent français ensemble. En fait, Eve ne parle qu’en français avec nos enfants.

Et vous, où en êtes-vous de l’apprentissage de notre langue?
J’ai honte… je suis encore loin de pouvoir m’exprimer couramment. J’ai fait des progrès, mais je suis loin d’être aussi doué que mes enfants. Mon épouse n’a pas encore perdu espoir.

Vous avez connu votre lot de scandales dans votre jeunesse, mais vous semblez avoir totalement changé depuis quelques années. Est-ce l’entrée dans la quarantaine qui vous a calmé?
Possible. Aujourd’hui, je suis un homme rangé, marié et père de famille. Mais je n’ai pas honte de dire que j’étais prêt à tous les mensonges pour m’envoyer en l’air lorsque j’avais 20 ans. N’importe quel mec qui dit le contraire est un menteur! A 20 ans, un gars ne veut qu’une seule chose: du sexe. Amon âge, c’est différent. J’ai 41 ans, je me sens pleinement satisfait avec ma femme, et il n’y a rien de plus précieux qu’une soirée avec mes enfants.

Vous vous êtes battu pour tourner «Des saumons dans le désert». Pourquoi?
Le tournage a été repoussé à deux reprises car on n’arrivait pas à trouver de financement. Pourtant, il y avait des choses magnifiques dans ce script: des regards, des ambiances, une certaine lenteur… J’en ai marre des films qui expliquent tout aux spectateurs. Des saumons dans le désert est donc à l’opposé de Star Wars, mais c’est ça que j’aime. Il faut deviner, observer et imaginer, au fil de l’histoire, pour comprendre les relations entre ces personnages.

Vous êtes connu pour ne pas pratiquer la langue de bois, contrairement à la plupart des stars de Hollywood. Que pensez-vous honnêtement de la trilogie de «Star Wars» à laquelle vous participez et qui ressort en 3D au cinéma?
Le premier film m’a déçu, comme de nombreux fans, je pense. Mais on ne peut pas blâmer George Lucas. Dans La menace fantôme, il se devait d’expliquer le fonctionnement du sénat et d’établir tous les personnages pour les six films. Souvenez-vous que rien n’avait été expliqué dans les épisodes 4, 5 et 6. Le premier film se devait donc de mettre en place toute la mythologie à venir. Je ne suis qu’un acteur dans ces grosses machines… Il n’y a pas de vedette dans «Star Wars» en dehors des films eux-mêmes, et cela me convient parfaitement.

Vous n’avez tout de même pas été tendre dans vos critiques…
Je dis ce que je pense, tout simplement. Oui, le sabre est bigrement lourd à porter. Oui, je déteste rester une journée à attendre pour tourner vingt secondes d’un film. Oui, cela me gave de faire semblant de me battre devant un mur vert contre des monstres imaginaires. Mais je savais ce qui m’attendait en signant mon contrat pour Star Wars.

Etes-vous prêt à tourner d’autres grands films d’action dans les prochaines années?
Vous voulez rire, j’espère bien! Star Warsm’a offert un luxe énorme: gagner du fric en faisant mon métier. Mais, en dehors de cela, j’ai compris en tournant ces films que je ne suis pas vraiment fait pour ce genre de grosses productions hollywoodiennes.

Vous êtes membre du jury au Festival de Cannes. Qu’attendez-vous d’une telle expérience?
Je dois énormément au Festival de Cannes. C’est sur la Croisette que Petits meurtres entre amis, Trainspotting, The Pillow Book ou encore Moulin Rouge ont été présentés en avant-première mondiale. C’est un honneur d’être invité à y participer en tant que juré. J’aurais du mal à juger le travail d’autres artistes, mais j’aime aller à la découverte du cinéma d’autres pays, auxquels je ne connais rien. Il n’y a pas plus exaltant pour un artiste que de découvrir un art né d’une culture différente.

A Cannes et au cinéma

Ewan McGregor est l’un des 9 jurés de la 62e édition du Festival de Cannes, qui s’achève aujourd’hui. L’acteur écossais se révèle un habitué de la Croisette: il y a déjà présenté une dizaine de films, dont Trainspottingde Danny Boyle (1996), The Pillow Book de Peter Greenaway (1997) et Young Adam de David McKenzie (2003). L’acteur, qui a accepté de participer à ce jury avec enthousiasme, compte deux films prochainement à l’affiche en Suisse romande. Des saumons dans le désert, comédie romantique britannique de Lasse Hallström(dès le 6 juin 2012 en salles), et Piégée, film d’espionnage américain de Steven Soderbergh (sortie prévue le 11 juillet 2012).

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