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Un miracle extraordinaire. C’est ainsi que la maman de Celine qualifie le parcours de sa fille depuis son accident, survenu il y a quatre ans. De son sourire doux, de ses yeux légèrement embués, elle le couve, son petit cadeau de la vie aujourd’hui âgé de 21 ans. Le choc de la chute, l’angoisse du diagnostic, le doute, la peur… On devine, dans les yeux verts de cette grande femme blonde, les mille et une questions qui l’ont assaillie. Les mille émotions aussi, de celles qu’une mère peut ressentir quand son enfant est en danger. Pourtant, Celine l’assure, sa maman, son père, son petit frère, tous autour d’elle n’en ont jamais douté: elle s’en sortirait. Et foi de battante, elle s’en est sortie. Par la force de sa volonté. Par le soutien de ceux qui l’ont entourée, soignée et aidée. Et par son amour des chevaux aussi, auxquels elle n’a jamais reproché d’avoir failli la tuer.

Handicap invisible

C’est un peu boitillante que Celine nous reçoit dans sa maison familiale de la campagne genevoise. Joli refuge de nature dans lequel s’ébattent ses chiens fidèles, et non loin duquel quelques chevaux paissent dans les prés encore verts de cette fin d’été. Une attelle autour de la cheville, elle se précipite pour préparer un cappuccino. Hier, elle a fait une mauvaise chute au supermarché: «Une petite entorse, cela peut arriver à tout le monde», dit-elle comme pour dédramatiser la situation. De son accident de cheval, du traumatisme cranio-cérébral qui l’a plongée un mois dans le coma et lui a imposé des mois de rééducation pour réapprendre chaque geste, la jeune femme garde de lourdes séquelles. Perte d’équilibre, difficultés de concentration, disparition de 45% du champ visuel, fatigue... Tout cela ne se voit pas, et provoque parfois des situations cocasses: «Quand je ne marche pas droit ou que mes mots deviennent hésitants, les gens croient que je suis bourrée», confie-t-elle mi-amusée, mi-résignée.

Pour expliquer ses difficultés, pour mettre des mots sur ses différences, Celine a surmonté sa timidité et s’est mise à parler. Beaucoup, franchement. Elle a même écrit un livre, Pas à Pas (Ed. Slatkine, 2011), où comment, au rythme le plus lent de sa monture et jour après jour, elle a ressuscité. «Ce témoignage, ça a vraiment fait partie de ma thérapie, comme le fait d’avoir presque tout de suite voulu remonter sur un cheval. Et puis je voulais me rendre utile aux personnes dans la même situation.» Pour les mêmes raisons, elle se raconte dans des écoles ou des entreprises au service de Fragile Suisse, l’association qui accompagne les personnes vivant avec une lésion cérébrale et leur famille. Afin que le tabou tombe, que le handicap soit regardé les yeux dans les yeux. Et le travail est encore long, preuve en est la très pauvre couverture médiatique des derniers Jeux paralympiques.

La vie continue

Le 13 octobre prochain, la jolie jeune femme se présentera ainsi, du haut de son mètre septante-cinq, à l’élection de Miss Handicap qui se déroulera à Lucerne: «Avant mon accident, on me disait souvent que j’étais jolie, que j’étais photogénique. Et puis je suis assez coquette, j’aime bien la mode. Cette élection, un ami en avait entendu parler il y a un an et demi. Mais les inscriptions étaient closes. Là, c’est le bon moment.» Prouver que la beauté existe aussi dans le handicap, être une voix pour ceux que l’on préfère souvent ne pas voir, ne pas entendre… la battante veut réaliser tout cela si elle est choisie (l’élection a lieu sur le site www.misshandicap.ch). Parce que la vie continue, même autrement. Et Celine en est le parfait exemple.

Etudiante à l’Ecole de management et communication (ESM) à Genève, elle a aujourd’hui repris le sport à haut niveau, et en 2010 a participé aux Jeux équestres mondiaux, dans la discipline dressage para-équestre. Née dans la cité de Calvin au sein d’une famille d’origine hollandaise où l’activité physique a toujours tenu une place majeure, Celine, parfaitement bilingue, est une petite fille timide. Sa maman, cavalière émérite, lui propose de monter sur un poney: «Cet animal était réputé bon thérapeute pour les enfants très introvertis comme moi.» Tout de suite, comme nombre de fillettes, Celine accroche.

Dès lors, des posters de la plus belle conquête de l’homme tapissent ses murs. En selle, l’ado grimpe les niveaux et enchaîne les compétitions. Elle a 12 ans quand ses parents lui offrent son premier cheval: «C’était une jument fantastique, l’amour de ma vie.» Parce que sa belle a de l’arthrose dans les genoux et qu’elle ne peut plus sauter les obstacles, Céline se consacre au dressage. Bonne élève, jolie fille, mais toujours maladivement timide, ses rapports avec les jeunes de son âge restent compliqués. Sa famille et l’équitation sont ses échappatoires. La jeune fille se met à rêver de compétition au plus haut niveau et réussit à intégrer le cadre national suisse. Puis un matin de juin 2008, alors qu’elle suit un entraînement en Allemagne, Zizz, son cheval, se cabre et retombe en arrière sur elle. Malgré la bombe, c’est le choc. La fin d’une période. Le premier jour du reste de sa vie.

A un mois de coma et deux de semi-coma, succèdent les mois de rééducation à l’hôpital Beau Séjour à Genève, pour réapprendre à parler, à marcher, à se tenir assise. Des semaines durant, elle souffre de dépression profonde, de celle qui vous pousse à vouloir en finir avec la vie. Mais il y a la joie aussi, comme ce jour où, pour la première fois, elle remonte en selle et comprend que sa résurrection passera par sa passion du cheval. Elle en verra d’ailleurs sa rééducation nettement accélérée.

Aujourd’hui, Celine n’aspire qu’à être comme les autres jeunes gens de son âge. Avoir son bachelor, sortir avec ses amies, aimer, continuer à pratiquer son sport et trouver des sponsors pour briller en compétition. Vivre et galoper toujours vers le jour d’après.

Le lieu

Le manège de la Pallanterie est situé à cinq minutes de chez Celine. C’est là que vit son cheval adoré Tin Tin G qu’elle monte environ quatre fois par semaine, et qu’elle passe le plus clair de son temps, aux côtés de sa maman devenue son entraîneur.

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