Chronique exclusive: «Un songe éveillé» par Guillaume Musso

Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours été familier des rêves et de la rêverie. J’étais le garçon «dans la lune», celui à qui l’institutrice reprochait souvent d’être ailleurs. Cet ailleurs, c’était pour moi l’imaginaire. A l’époque, il prenait la forme d’un monde magique, délesté des lourdeurs et de la grisaille de la réalité. C’était celui des contes de fées, des forêts peuplées d’ogres et de dragons, de fonds marins où se cachaient sirènes et serpent de mer. Celui de la Palombie du «Marsupilami» ou de la Syldavie du «Sceptre d’Ottokar.»

Plus tard, lorsque j’ai découvert le plaisir de lire, le pouvoir des mots et la force de la fiction, j’ai compris que, grâce aux livres, je ne serais plus jamais seul. Car les livres ont une singularité qui confine à l’enchantement: ils sont le viatique contre toutes les solitudes. Ils sont aussi le ticket le plus direct pour le grand frisson, un véhicule surpuissant pour les voyages les plus fous, la possibilité, comme le disait Umberto Eco, de vivre mille vies, «car la lecture est une immortalité en sens inverse».

Plus tard encore, j’ai commencé moi-même à écrire des histoires. Ecrire, pour continuer à rêver, créer à mon tour des mondes et les partager. Ecrire, parce que donner vie à des personnages c’est aussi se mettre à la place de l’autre, aller à l’école de l’empathie, s’interroger sur la condition de ses semblables et sur leurs émotions. Ecrire enfin est le meilleur moyen que j’ai trouvé pour réparer la réalité, la transfigurer, l’ausculter, la nier aussi parfois.

Surtout, en ce siècle saturé d’écrans, de réseaux sociaux et d’information en flux tendu, un roman imprimé sur du bon vieux papier garde pour moi des pouvoirs inégalés. Le livre est un territoire chimérique, «le seul lieu au monde où deux inconnus peuvent se rencontrer de façon intime», comme l’a souvent fait remarquer Paul Auster. Et j’ajouterai qu’il a la précieuse faculté de ralentir le temps et de nous en émanciper. De nous donner, en somme, la chance de rêver.

Son actu

L’édition collector de son dernier roman, «La Fille de Brooklyn» (XO Editions, 2016), sort en librairie en même temps que des rééditions des précédents, l’«Instant Présent» et «Central Park».

Paru en mars, «La Fille de Brooklyn» est un thriller qui emporte le lecteur dans trois jours de course folle à la découverte du terrible secret porté par la femme du narrateur. Ecrit sur fond de primaire américaine et de faits divers célèbres, le 13^e ouvrage de l’auteur a trusté sans surprise tous les classements de vente de livres de fiction.

En décembre sortira en film l’adaptation coréenne de «Seras-tu là?», son troisième roman.

Toute son actualité.

Bio express

Traduit en 40 langues, Guillaume Musso est l’auteur français le plus lu. Paru en 2004, son roman «Et après…» est vendu à plus de deux millions d’exemplaires. Cette incroyable rencontre avec les lecteurs, confirmée par le succès de ses romans ultérieurs,  fait de lui l’un des auteurs français favoris du grand public.

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