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Chez Albertine, tout est rond. Sa silhouette, délicieuse et tout en courbes. Zullo, son nom d’épouse, mélodieusement assorti à Germano, prénom de l’être aimé. Ses créatures, dodues et inclinées que l’on a envie d’enlacer… Jusqu’à son phrasé, ou, au détour du Verbe, les E dans son palais, s’arrondissent avec gourmandise. Gourmandise. Le mot est lancé. Si lorsqu’elle vous reçoit, croquants aux amandes et aux figues et chocolats sont à disposition sur la table en bois du vaste salon, l’appétit pour la vie d’Albertine ne se résume pas à ces nourritures terrestres. De son quotidien, de ses voyages, de ses émotions quotidiennes, l’illustratrice s’imprègne, se nourrit pour croquer ce que nous, simples mortels, ne soupçonnons pas. Parler d’elle, elle n’aime guère, car «être artiste, c’est déjà dévoiler une grande part de soi.»

De New York, dont elle revient et où elle a reçu le Best Illustrated Book Award 2012 décerné par le New York Times pour son livre Les Oiseaux, elle n’a pas ramené tant de dessins, mais nombre de photos: «Depuis quelque temps, j’en prends énormément, du taxi par exemple. Elles sont très moches, mais elles me servent d’outils pour mes dessins. Plus que les gratte-ciel, j’ai photographié la banlieue, les maisons jumelles. Pour moi, sans le laid, le beau n’existe pas», explique-t-elle. Fière d’avoir obtenu ce prix, Albertine l’est d’autant plus qu’il est arrivé par surprise: «C’est ça le plus agréable, recevoir un prix sans l’avoir souhaité. Une fois le livre publié, il fait sa vie, sans que tu saches comment.»

Dans ses albums, qu’elle cosigne avec Germano Zullo son mari depuis vingt ans, comme dans ses dessins persos, Albertine parle du temps qui passe, de la liberté, des sentiments. Et s’ils plaisent aux enfants, ils ne leur sont souvent pas spécifiquement destinés.

Une touche de magie

Alors que la sonnerie de l’école mitoyenne de sa maison retentit et que les cris de la cour de récré viennent rompre le silence de ce paisible village de la campagne genevoise, l’on s’attarde sur ce thème. Si, et parce que la vie l’a décidé, Albertine n’est pas devenue mère, elle confie ne pas se sentir éloignée de l’enfance: «Bien sûr, il y a l’émerveillement, la naïveté, mais pas seulement. C’est une période où l’on ressent les choses sans forcément les comprendre. On est tout à fait libre.»

Son enfance à elle, la dessinatrice âgée de 45 ans en garde le souvenir d’une période dorée. Une maman céramiste, un papa réalisateur à la Télévision romande… Chez elle, créer est un amusement quotidien. «J’ai ressenti beaucoup de joie, d’émotions. Je pensais déjà qu’être adulte n’avait pas l’air très drôle. Je détestais l’école et l’autorité.» Fille unique, elle ne s’ennuie guère dans ce village de Dardagny où elle connaît tout le monde et vaque, ici et là, affublée d’une robe de princesse «accessoirisée d’une paire de bottes en plastique du WWF» ajoute-t-elle en riant.

Avec sa grand-mère Inès, la petite fille vit une relation plus que privilégiée: «Elle était belle, elle sentait bon. Avec elle, c’était l’amour avec un grand A, sans concession. Elle était très observatrice, avait une grande force vitale», raconte-t-elle, touchée. Une période interrompue par le divorce de ses parents lorsqu’elle a 11 ans, durant laquelle, selon ses propres mots, elle «s’éteint». Jusqu’à retrouver sa flamme quand débutent ses études d’art à Genève.

Beaux arts, arts visuels…

Son diplôme en poche, Albertine ouvre son atelier de sérigraphie avant qu’un hasard de la vie ne l’oriente vers l’illustration de presse où son trait, sensible et jamais vulgaire, habille de magie même les sujets les plus osés. A cette époque, la jeune femme rencontre Germano qui devient compagnon de vie et alter ego créatif: «Nous avons commencé par avoir une relation épistolaire. Lui avec de magnifiques lettres, un peu genre poète maudit, moi avec des espèces de questionnaires à choix multiples un peu débiles. Mais de cette différence est née notre complicité, notre dialogue permanent», explique-t-elle.

A Dardagny, le couple partage une jolie maison villageoise ouverte sur la campagne et ceinte d’un potager. Mais fait atelier à part. Quand Germano est en haut, entouré de livres et face à la nature, Albertine est en bas qui travaille douze heures au milieu des feuilles, des croquis, des affiches et des carnets Moleskine ou elle trace, sans croquis préalable, de jolis personnages enfantins à l’encre de Chine.

Un univers à croquer

Dans ses albums, l’illustratrice, qui se sent de plus en plus auteure avec le temps qui passe, change de sujets. Ses personnages, autrefois gigantesques, rapetissent pour laisser la place à des décors de plus en plus détaillés, dans lesquels s’ébattent des créatures devenues lilliputiennes: «Avec l’âge, je deviens beaucoup moins centrée surmoi-même et plus ouverte au monde qui m’entoure. Mes dessins évoluent comme moi. La ville, l’agitation, le mouvement permanent m’intéressent. Dans notre monde, on est tous conscients qu’on court, qu’on n’arrête jamais. Cela laisse peu de place pour voir les choses, pour sentir ce qui est important.»

Son homme idéal

Son prof de piano, ou – pour une figure plus connue! – Popeye…

Son péché mignon

La glace au thé vert, au gingembre ou à la cannelle.

Son secret de beauté

Une crème de jour et une de nuit de la marque Clinique.

Son dernier coup de fil

Avec une amie qui habite Kyoto au Japon, où elle va se rendre prochainement.

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