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La mode a-t-elle rencontré Dieu?
La prochaine exposition du Metropolitan Museum de New York sera-t-elle touchée par le souffle divin? «Heavenly Bodies: Fashion and the Catholic Imagination» promet en tout cas de révéler les relations entre mode et religion. Cet événement éphémère, organisé par Vogue et le Met, exposera de mai à octobre quelque 150 pièces de créateurs inspirées du monde catholique.
Pierre angulaire de l’expo, une partie du dressing des papes, allant du XVIIIe au début du XXIe siècle, fera le voyage depuis le Vatican. Au centre des enjeux: l’influence de l’esthétique du christianisme sur la mode des laïcs. Imprimé vitrail, chapelets, boucles d’oreilles en forme de croix et amulettes à l’effigie de saints… l’imagerie religieuse a fait pleinement partie de nombreuses collections ces dernières années.
Outre Dolce & Gabbana, qui a construit son empire sur les symboles religieux propres à la culture italienne, Jean Paul Gaultier, Alexander McQueen, Gucci, Christian Dior et Yves Saint Laurent – entre autres – ont intégré à l’état brut, ou de manière détournée, des éléments sacrés. Tout dernièrement, les silhouettes de la collection automne-hiver 2017 de Jeremy Scott étaient ainsi estampillées de têtes de Christ.
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Art et transgression
Mais pourquoi ces symboles pénètrent-ils le terrain de jeux artistique des créateurs? Laurent Cotta, chargé du département des arts graphique au Musée Galliera à Paris, a déclaré au quotidien français chrétien La Croix que «la religion a toujours joué un rôle important dans l’inspiration des designers». Les approches, par contre, sont très personnelles. L’environnement religieux dans lequel ont grandi certains créateurs a forcément un impact sur leur travail. On y retrouve des lignes, des silhouettes et des matières propres à l’Eglise.
Les collections liturgiques de Cristóbal Balenciaga en sont l’illustration parfaite. D’un autre côté, le religieux reste présent dans notre société, tout en constituant l’un de ses derniers tabous. La transgression et le scandale qu’elle peut créer attirent plus d’un designer. «Le défilé de Jeremy Scott, par exemple, est une pure provocation», appuie Paula Aguilar Alhambra, styliste au bureau de tendances Promostyl, à Paris. Qui ajoute que «certains concepteurs sont des agitateurs, ils cherchent par tous les moyens à faire le buzz».
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Influence ou mascarade
Adieu quête spirituelle! La religion devient un moyen de faire réagir et… de vendre.
Dans cette grande mascarade, l’Eglise n’a pas son mot à dire. Alors que le pape a choisi son nom en référence à François d’Assise – qui place la pauvreté et la modestie au cœur de sa pensée – mode et religion sont plus que jamais aux antipodes.
Dès lors, que donnera la soirée de gala du 7 mai 2018, qui lancera l’exposition du Met et réunira le gratin du show-business? Présidée par Anna Wintour, elle sera présentée par Amal Clooney, Rihanna et Donatella Versace. Pour Paula Aguilar Alhambra, ce raout social risque de tourner au «grand n’importe quoi». Si les tenues étalées ne seront pas toutes d’un goût parfait, elles promettent toutefois d’être hautes en couleur.
Découvrez l'influence de la religion dans la galerie ci-dessus.