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Lors de la Fashion Week de New York, qui débute jeudi au Lincoln Center, les vêtements laissant peu de place à l'imagination vont encore être à l'honneur. Mais quand Nzinga Knight entrera en scène, les poitrines à demi nues et les jupes entrouvertes laisseront la place aux manches longues et aux tissus opaques.

Musulmane pratiquante, Nzinga Knight a beau prier cinq fois par jour et se couvrir les cheveux, elle reste avant tout une fashionista. "Mes créations sont sensuelles, mystérieuses et innovantes", explique la jeune femme à l'AFP dans un studio du Pratt Institute, à Brooklyn. Sa cible, précise-t-elle, tout en brodant une robe noire et crème aussi belle que résolument pudique, sont "les femmes qui sont heureuses d'être des femmes".

En lançant sa ligne, en 2008, la créatrice trouve les couturiers obnubilés par "les décolletés et le dos" des mannequins. "Beaucoup de femmes portent (certains vêtements) parce que les magazines leur disent de les porter, et il me semblait que tous les créateurs avaient le même point de vue", raconte-t-elle,

En combinant les codes moraux de sa communauté avec son sens du style new-yorkais, elle a rapidement trouvé ce que recherchent les jeunes entrepreneurs: une niche. "Mon esthétique manquait vraiment sur le marché", dit-elle. "C'est très distinct (du reste), et cela me donne un avantage."

Les créations de Nzinga Knight ne sont pas les seules à dénoter dans l'univers de la mode, où les couturiers noirs sont rares et les musulmans encore plus.

"L'obligation" de se dévêtir en Occident

Son père vient de Trinidad, sa mère de Guyana. Tous les deux se sont convertis à l'islam après leur arrivée à New York, où ils ont élevé leurs six filles. "Le fait que je sois à New York, née New-yorkaise, et qu'ici la mode soit si importante, mais aussi que je sois issue de la culture caraïbéenne et que je sois musulmane...", énumère-t-elle avant de reprendre son souffle pour conclure: "J'incarne beaucoup de choses".

L'obligation faite aux femmes dans certains pays musulmans de porter des "robes" les couvrant de la tête aux pieds horrifie les Occidentaux. Nzinga Knight, elle, dit avoir appris de ses expériences passées. L'an dernier, lors d'un voyage à Dubaï, où vit l'une de ses soeurs, elle se rappelle avoir découvert la multiplicité des tons de noir, certes subtiles, du tissu apparemment uniforme des hijab et niqab.

"Aucune femme n'est semblable", soutient-elle, expliquant que dans la sphère privée, ces musulmanes se débarassent de leur voile pour faire place aux dernières créations de mode qu'elles portent en dessous. "Elles sont pleines de vie et portent des couleurs extraordinaires, mais seules leurs amies les plus proches peuvent le voir", raconte la créatrice. "Je pense que c'est très sexy pour une femme d'avoir des secrets, de beaux secrets." Dans les sociétés occidentales, ajoute-t-elle, les femmes ne sont pas aussi libérées qu'elles le pensent.

Prenant l'exemple des stars de la chanson, Nzinga Knight déplore l'obligation que ressentent certaines femmes -quel que soit leur talent- de se dévêtir pour réussir. "Elles ne sont pas autorisées à miser sur leurs seuls mérites (...), elles doivent enlever leurs vêtements. Ce sont les règles du jeu", affirme-t-elle. Des règles que dans son domaine, la New-Yorkaise tente de changer : "Je raconte une histoire que personne ne raconte."

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