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Ce qu’elle retient de lui, c’est son charme. Et sa personnalité. Lorsque, il y a tout juste cinq ans, la cheffe française triplement étoilée Anne-Sophie Pic décide d’installer sa première table hors les murs de sa Maison de Valence, c’est le Beau-Rivage, à Lausanne, qu’elle choisit: «J’aime ce palace car il y règne un esprit familial. Il a une âme et a su évoluer, se moderniser tout en la conservant. Et puis, comme tous ces hôtels au bord d’un lac, il baigne dans une ambiance bien particulière», confie-t-elle.

Des femmes de goût touchées par sa grâce et son raffinement, l’hôtel d’Ouchy en a toujours accueilli. Des élégantes en corset et large chapeau qui ont, à la Belle Epoque, goûté à l’ombre des arbres de son jardin aux contemporaines urbaines branchées, venues profiter du spa ou de la carte des cocktails proposés en «afterwork». Sans oublier la grande Gabrielle Chanel, exilée en Pays de Vaud après la Seconde Guerre mondiale (voir encadré), ou Grace Kelly, en visite avec son époux le prince Rainier, qui ont, toutes deux, apposé leur paraphe sur les prestigieux livres d’or du palace.

Erigé en 1861, pour la partie Beau-Rivage néoclassique, et en 1908 pour l’aile Palace néo baroque, le bâtiment au raffinement si féminin affiche pourtant des proportions toutes masculines. Pour construire ce qui se veut le fleuron de l’accueil touristique lausannois, capable de concurrencer les déjà fameux hôtels de Genève, Vevey ou Montreux, la Société Immobilière d’Ouchy, constituée en 1857, voit les choses en grand. Et fait appel aux plus grands architectes du pays: Achille de La Harpe, Jean-Baptiste Bertolini, puis Eugène Jost imaginent pour un bâtiment de vingt mètres de haut en cinq parties, surmontées de toits de formes différentes, aux nombreux balcons et aux corniches imposantes…

Douceur de vivre

Tout autour, adieu les bords de lac encombrés de rochers, de barques de pêcheurs et de cabanes hétéroclites! Adieu aussi les odeurs de purin et d’eau stagnante! Pour attirer la très sélecte clientèle anglaise, friande des paysages «so Swiss», on veut entourer ce bel édifice d’un quai et d’un jardin plantés d’essences, d’un port bien drainé et d’un débarcadère où viendront accoster en toute quiétude les rutilants bateaux à vapeur qui sillonnent le Léman.

Et le succès est là, comme en témoigne Jacques Tschumi, directeur de l’hôtel de 1888 à 1912 et fondateur de l’Ecole hôtelière de Lausanne: «Le beau monde (…) y venait avec plaisir, sûr d’y trouver une société choisie où on s’amusait sous tous les rapports.» Petits orchestres pour danser, tea time en bonne compagnie… à cette époque, les élites aristocratiques et bourgeoises ignorent le time «is money». Hiver ou été, on vient profiter de la douceur de vivre helvétique pour plusieurs semaines, voire pour plusieurs mois, avec famille, bagages, chiens et chats. Dans les jardins du «BRP» se nichent d’ailleurs de minuscules sépultures, témoins de l’existence d’un petit cimetière dédié aux animaux de compagnie de ses résidents au long cours.

Le rajout de l’aile Palace en 1905 augmente la capacité d’accueil de la clientèle et marque l’entrée de la famille Sandoz dans l’histoire du Palace, à l’initiative d’Edouard Constant Sandoz. Fondateur de l’entreprise pharmaceutique bâloise, ce dernier décide de revenir s’installer à Lausanne, ville natale de son épouse, et d’investir dans l’hôtel. Depuis, la participation de la famille a toujours gagné en importance, jusqu’à faire de celle-ci l’actuel actionnaire majoritaire du palace via la Fondation de famille Sandoz. La grandiose salle de bal de l’hôtel, qui a accueilli traités de paix, joutes diplomatiques et mariages de stars, porte son nom.

Un ancrage familial qui a permis au Beau-Rivage Palace de traverser guerres et crises économiques sans concéder un seul jour de fermeture et sans jamais se muer en vieille pension poussiéreuse. Construction du spa Cinq Mondes en 2005, ouverture du restaurant Anne-Sophie Pic en 2009, rénovation complète des chambres de toute l’aile Palace terminée cette année… L’imposant hôtel, élément incontournable du décor des rives lémaniques, est un point de rendez-vous pour nombre de Lausannois qui s’y retrouvent autour d’un café en terrasse ou d’un repas dans l’un de ses trois restaurants.

Et pour les touristes ou businessmen de passage, attentifs à la tradition mais désireux de mouvement. Cela tombe bien car telle est la devise du «BRP» qui, à plus de 150 ans, n’a pas pris une ride!

A lire

«Beau-Rivage Palace. Histoire(s)», sous la direction de Nadja Maillard, 440 pages, 2008.

Le «BRP» en chiffres

  • 1861 Inauguration de l’aile Beau-Rivage.
  • 1908 Inauguration de l’aile Palace.
  • 168 chambres.
  • 460 fenêtres.
  • 75 000 bouteilles dans la cave à vin.
  • 350 employés.
  • 10 000 fr. Nuit la plus chère.
  • 400 fr. Nuit la moins chère.

Elle y a posé ses valises

Dès 1945, la créatrice Coco Chanel s’installe à Lausanne. Au Beau-Rivage, il se murmure qu’elle reçoit ses amis toujours en chemisier noir et triple rang de perles et sort peu de sa chambre, d’où elle aime contempler la vue. Elle s’en échappe parfois pour quelques promenades en solitaire au bord du lac toujours suivie par sa voiture qui roule au pas.

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La cave: 40 000 bouteilles dans la cave principale, 75 000 précieusement conservées dans celle dédiée au vieillissement… Un précieux trésor constitué au fil des ans.

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La vue: Charlie Chaplin, Gary Cooper, l’infante d’Espagne ou Serge Gainsbourg… Tous ont adoré la vue panoramique de l’hôtel.

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Le repos: Les nouvelles chambres de l’aile Palace, à la fois modernes et romantiques, ont été imaginées par le célèbre décorateur Pierre-Yves Rochon pour s’assortir avec les teintes du lac.

© Fabrice Rambert

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