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Emily Blunt nous subjugue dans «La Fille du Train»

Thegirlonthetrain
© Universal

Elle est assise, comme tous les matins, dans le même wagon, ses yeux hagards rivés sur la fenêtre. Tous les jours, le train s’arrête devant le même quartier; c’est d’ailleurs pour cela que Rachel s’assied constamment à cette place, celle qui lui offre la meilleure vue de sa «maison préférée.» Sur le balcon ou dans le jardin, elle aperçoit toujours ce couple «parfait» qui la fascine et qu’elle croque lascivement sur son calepin: une magnifique femme blonde et un homme dont Rachel s’imagine qu’il a un «joli rire» semblent y vivre une idylle idéale. Elle leur invente des vies sans penser une seconde qu’elle en fera un jour partie. Car depuis que son mari (interprété par Justin Theroux) l’a quittée, sa propre existence est plutôt… déserte.

Chaque matin, c’est la même chose. Les autres passagers lui adressent des regards suspicieux et consternés, auxquels elle répond par une moue défensive. Rachel sait pourquoi ils la mitraillent des yeux: elle est ivre, comme tous les matins, et ça se voit. C’est certainement à cause de ses problèmes d’alcool que Tom l’a quittée pour se marier avec une autre… Ainsi, afin de fuir sa propre réalité, elle se plonge dans le mélange anesthésiant de la boisson et de ses fantasmes.

Le meurtre parfait?

Hébétée par l’ivresse, Rachel devient alors l’unique témoin de ce qu’elle interprète comme une scène d’adultère: la jeune femme qu’elle observe toujours depuis le train, Megan, apparaît sur le balcon de sa maison en compagnie d’un autre homme que son mari. Scandalisée, Rachel revit la douleur de son propre divorce et descend du train, à demi-inconsciente de ses actions. Le lendemain, elle se réveille recouverte de sang et ne se souvient de rien. Megan, quant à elle, a mystérieusement disparu. La police se précipite sur Rachel pour l’interroger; mais comment être prise au sérieux lorsqu’on est alcoolique et que notre mémoire des événements de la veille s’est effilochée? La jeune femme se met à douter d’elle-même, à douter de tout…

Basé sur le roman de Paula Hawkins, ce thriller réalisé par Tate Taylor pose tous les fondements de l’affaire criminelle captivante par excellence. Suivant plus ou moins fidèlement la trame narrative du livre, le film nous présente plusieurs existences qui nous semblent, au début, aussi ordinaires qu’indépendantes. Il s’avérera que ces vies humaines sont intimement liées et qu’elles se rejoindront pour un final puissant… mais auquel on s’attendait un peu. (Nous n’en dirons pas plus, histoire de vous épargner les spoilers…)

Un peu trop prévisible?

Même sans avoir lu le livre, la fin nous est apparue comme une évidence vers la moitié du film. Peut-être le (ou la) coupable se trahit-il (ou elle) par une attitude quelque peu trop agressive? Peut-être les «gentils» sont-ils trop facilement identifiés comme tels? Il se pourrait aussi que nous ayons tout simplement développé une certaine aptitude à deviner la fin des thrillers (Notre penchant pour les séries «The Mentalist» et «Sherlock Holmes» y serait-il pour quelque chose?)

La fin, que l’on attendait surprenante, est un tantinet décevante: les pièces du puzzle s’emboîtent confortablement, facilement, et nous comprenons le dénouement sans s’adonner à trop de gymnastique cérébrale. Ce ne sont toutefois pas les derniers instants de «La Fille du Train» qui le rendent mémorable: l’ambiance sombre et le sentiment d’inconfort angoissant que nous ressentons tout au long du film sont particulièrement troublants. Disons que s'il ne produit pas de réel effet de crescendo, les points de tension virevoltent et s’invitent du début à la fin, nous tenant en éveil, tous sens aux aguets, déjà happés par l’histoire la seconde où elle démarre.

Epoustouflante Emily Blunt

Le meilleur atout de «La Fille du Train» est sans aucun doute son actrice principale, Emily Blunt, étonnante dans le rôle de Rachel. Les lèvres desséchées par la boisson, la vue trouble et l’expression étourdie, elle nous fait vivre un panel d’émotions allant de la compassion à la frustration. Au travers du regard de Rachel, le monde est flou, ses contours imperceptibles; rien n’est certain et le futur n’existe pas. Car elle vit dans le passé qui a dévasté sa vie, semblant se raccrocher à une incompréhension inéludable. Quelque chose cloche, et elle le sait. On peine à la croire coupable, même si Rachel elle-même ne sait plus du tout ce qu’elle doit penser. D’abord épave vulnérable et franchement agaçante, son personnage se redresse progressivement pour récupérer la force qu’on lui devinait depuis le début.

De manière générale, les protagonistes de «La Fille du Train» sont intrigants, brillamment portés par les acteurs, et leurs failles secrètes nous font immédiatement froid dans le dos. Nous saluons également la performance de la jeune Haley Bennett (vue dans «Les Sept Mercenaires» ou encore «Le Come-back»), simplement fascinante dans le rôle de la mystérieuse Megan.


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